Zone Critique vous propose un nouvel article de son partenaire, La Cause Littéraire. La nouvelle édition de Mansfield Park semble trouver un nouvel écho aujourd’hui en traitant de sujets (re)mis au gout du jour, à savoir la condition féminine. Et c’est d’ailleurs ce qui fait la force de ce classique de la littérature anglaise.
Les éditions Gallimard, comme toujours, ne cessent de nous surprendre. En automne 2013, elle offre aux lecteurs le deuxième volume des Œuvres romanesques complètes de Jane Austen. Celui-ci apparaît dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade comprenant entre autres récits le non moins célèbre Mansfield Park.
Juin 2014, les éditions Gallimard récidivent et font paraître dans la collection Folio/Classique l’œuvre magistrale de Jane Austen, écrite dans la maturité : Mansfield Park. Cette publication permet aux publics avertis ou néophytes, étudiants ou curieux, de (re)découvrir un classique de la littérature anglaise.
Mansfield Park est publié en 1814, un an après le célèbre Orgueil et Préjugés. Jane Austen relate l’histoire de Fanny Price issue d’une famille pauvre et recueillie à Mansfield Park, la splendide demeure de son oncle et de sa tante, les Bertram. Le roman fleuve de 660 pages relate le parcours de la jeune fille méprisée et mal-aimée de tous à son arrivée à Mansfield Park :
« A mesure qu’ils purent noter des progrès dans l’humeur de Fanny et dans l’apparence qu’elle présentait, Sir Thomas et Mme Norris songèrent avec plus de satisfaction à la charité de leur dessein. Il fut bientôt conclu entre eux que, bien qu’elle fût loin de montrer de l’intelligence, elle manifestait de la bonne volonté et paraissait devoir leur causer peu de difficulté. Fanny savait lire, manier l’aiguille, écrire, mais on ne lui avait rien appris d’autre. Quand ses cousines découvrirent qu’elle ignorait un tas de choses qui leur étaient depuis longtemps familières, elles lui prêtèrent une stupidité hors du commun et ne cessèrent, dans les deux ou trois premières semaines, d’en apporter au salon quelque nouvel exemple (…) ».
Cependant sa force d’âme, son endurance et son courage permettent à Fanny de se hisser vers une classe supérieure à sa condition première. Elle deviendra le pivot de la famille Bertram et un élément aimé de cette famille dont elle est aussi parente. La raison et le discernement sont les maîtres-mots de cette jeune fille. Ils vont être ses meilleurs adjuvants dans la quête du bonheur et de la reconnaissance sociale.
Le roman se scinde en trois volumes marquant l’évolution psychologique, sentimentale et sociale de Miss Fanny Price. Construit autour d’une figure féminine centrale en mutation, le récit s’apparente aux contes et aux romans d’apprentissage dans lesquels les protagonistes traversent maintes épreuves avant de devenir des personnages incontournables ayant un statut social prestigieux. Fanny Price est le vilain petit canard devenu cygne.
Cependant, ce roman ne traite pas seulement de la condition féminine dans la société anglaise du début du 19ème siècle. En arrière-fond sont abordés l’esclavage et le rigorisme dans les rapports sociaux.
En conclusion, les éditions Gallimard offrent ici un bel exemple de démocratisation de la lecture. En effet, le lecteur peut se délecter de la très belle traduction de Pierre Goubert, celle-là même qui se trouve dans le volume II des Œuvres complètes de Jane Austen publié dans la collection Bibliothèque de la Pléiade. « La préface » permet de mieux contextualiser le récit Mansfield Park. Christine Jordis constitue dans cet ouvrage une étude sérieuse et érudite sans tomber dans le jargonnage. L’appareil critique, quant à lui, est constitué de notes, d’une notice et d’une bibliographie réunies par Pierre Goubert. Il guide le lecteur tout au long de sa lecture pour déchiffrer le monde complexe de Jane Austen.
Les éditions Gallimard offrent ici un bel exemple de démocratisation de la lecture.
Enfin, son prix modique n’enlève en rien à la qualité littéraire. Folio/classique permet aux étudiants et aux lecteurs de posséder un ouvrage de qualité en format poche, pratique à transporter et à feuilleter en tout lieu car la lecture des classiques nous permet de mieux comprendre les écrivains modernes et contemporains.
- Mansfield Park, Jane Austen, traduit de l’anglais par Pierre Goubert, Folio, juin 2014, 720 pages, 8 euros 40
- L’article original
Victoire Nguyen