Comme à chaque édition, de nombreux auteurs venus des quatre coins des États-Unis, du Canada ou encore du Mexique seront présents durant le festival America à Vincennes. Outre les critiques et entretiens que nous publions à cette occasion, nous vous proposons un tour d’horizon d’écrivains à découvrir et à retrouver.
Par Cécile Peronnet et Mathieu Champalaune
Colson Whitehead
Colson Whitehead a l’Histoire dans la peau et la plume caméléone, capable d’épurer ses phrases à l’excès pour souligner l’horreur de ce qu’il relate (Nickel Boys), de verser dans la métaphore et d’emprunter aux contes pour dénoncer la bestialité (Underground Railroad), de faire sienne la verve du Harlem des sixties (HarlemShuffle et La Règle du crime) ou encore de jouer avec des satires improbables (L’Intuitionniste). L’identité noire-américaine de cet auteur, double lauréat du prix Pulitzer, est centrale dans son œuvre, nourrissant les sujets qu’il choisit et la manière dont il les traite. C.P.
Traduit par Catherine Gibert, puis par Serge Chauvin, puis par Charles Recoursé.
Lauren Groff
La poésie qui se dégage des mots de Lauren Groff est empreinte de lumière, électrique et parfois même mystique, le banal et le sacré se répondant dans ses œuvres. Souvent, elle invente des refuges, une abbaye imprenable (Matrix) ou un cocon niché dans les bois (Arcadia), faisant de la nature et de ses mystères la matière de son écriture. Les relations humaines sont elles aussi au cœur de ses livres, amour interdit, mariage vénéneux, généalogie troublée, paternité aussi tendre que douloureuse sont autant de liens qu’aborde l’autrice, avec fougue et finesse. C.P.
Traduite par Carine Chichereau.
Laird Hunt
Laird Hunt aime à créer des portraits de femmes aussi fortes que fébriles dont les failles sont justement ce qu’il explore et ce qui leur confère leur caractère hors du commun. Autour d’elles se dressent des décors hostiles, forêt mystérieuse (Dans lamaison au cœur de la forêt profonde), ferme isolée (Les Bonnes Gens ou Indiana,Indiana) ou arrière-front (Neverhome), l’Indiana pour toile de fond presque immuable de ces livres. Palpite sur les pages de Laird Hunt une poésie terreuse bien particulière qui se nourrit d’influences multiples, de l’Histoire de son pays à Gustave Flaubert en passant par les contes d’hier. C.P.
Traduit par Anne-Laure Tissut.
Hernan Diaz
Quelle meilleure fiction que l’argent, nous dit Trust, vertigineux roman puzzle auréolé du prix Pulitzer et publié l’an dernier en France. Plongeant dans l’édification au début du siècle dernier de la mythologie financière de Wall Street, le roman révélait ce que celle-ci cache. Écrivain originaire d’Argentine aujourd’hui installé à New York, Hernan Diaz décrit avec brio l’envers des grands récits américains, à l’image de son premier roman Au Loin (2017), qui remontait le cours de la grande ruée vers l’ouest. M.C.
Traduit par Nicolas Richard
Arthur Nersesian
La publication en français l’année dernière de Fuck Up, premier roman d’Arthur Nersesian, fit un effet des plus percutants. Une plongée délirante dans un New York underground oublié, plein d’errances aussi sublimes que riches en tribulations. Pourtant, le texte datait de 1991 et émanait d’un auteur culte outre-Atlantique mais totalement inconnu chez nous. Les éditions La Croisée poursuivent en cette rentrée la redécouverte de cet écrivain avec Dogrun, une nouvelle dérive urbaine et sauvage. M.C.
Traduit par Charles Bonnot