Connu pour ses films fantasques qui ne reculent devant aucune expérimentation, Guy Maddin signe ici un long-métrage à l’esthétique plus sage (et pourtant !) en collaborant de nouveau avec les réalisateurs Galen et Evan Johnson. Si zombies, apocalypse et cerveau géant viennent interrompre la réunion annuelle du G7, cette satire des puissants n’est ni tout à fait jouissive ni véritablement corrosive. 

États-Unis, Japon, Canada, Allemagne, Angleterre, Italie, France. Réunis à Dankerode pour leur rencontre annuelle, les dirigeants des sept puissances mondiales doivent écrire un communiqué adressant une affaire « urgente », afin de se positionner face à « la crise » ; tâche essentielle à la bonne marche du reste de l’humanité. En réalité, confortablement installés sous leur gloriette où le vin affleure, les retrouvailles ont des airs de vacances. Les chefs d’État procrastinent gaiement, bien incapables d’écrire une seule ligne. À la place, le Premier ministre du Canada s’épanche dans ses affaires de cœur avec madame Royaume Uni et la chancelière allemande transie, tandis que Dénis Ménochet et Takehiro Hira – France et Japon respectivement – se laissent aller à leur amour des beaux mots qui ne veulent rien dire. Plus en retrait, le président des États-Unis, avec son étonnant accent anglais, son vocabulaire et son calme, ne rappelle en rien Donald Trump ; fraîcheur bienvenue, après les caricatures faciles et mal exécutées qui ont parsemé de nombreux films cette année, à l’image du décevant Mickey 17. Quant au Premier ministre italien, qui rit encore de la fois où il était venu déguisé en Mussolini à une fête, c’est autrement un personnage sympathique et insignifiant. 

Le début de Rumours s’affiche donc comme une satire politique assez primaire, invitant le spectateur à jouer au jeu des sept différences entre les dirigeants réels, les dirigeants fictifs et les pays qu’ils représentent. Certaines ressemblances sont plus évidentes que d’autres, à l’image de Cate Blanchett grimée en Angela Merkel, accent, coupe et habits compris. Mais les personnages sont également habités par leurs contextes historiques et géopolitiques respectifs : le président français croit voir des manifestants partout, l’Américain rêve de mourir assassiné en fonction et le Premier ministre canadien baragouine dans un langage positivo-hypocrite sur les femmes et les minorités. Nous nous retrouvons vite à surinterpréter les relations et les réactions des personnages, ce que le film ne manque pas de tourner en dérision : l’Allemagne vient de courir après le Canada, trouvez la métaphore ! Mais, le temps de se livrer à notre jeu de piste géopolitique, la nuit est tombée. A...