Couronné par le Prix du jury de la sélection Un Certain Regard à Cannes, Un Poeta retrace la trajectoire d’Óscar Restrepo, un poète méconnu et torturé qui s’invente un beau jour mentor d’une adolescente en chemin vers la gloire lyrique. Avec ce deuxième long métrage, le cinéaste colombien Simón Mesa Soto signe un récit d’apprentissage piquant et une méditation sur la place de l’art dans la société colombienne.

Le visage ravagé d’Óscar Restrepo (l’acteur non professionnel Ubeimar Ríos) est un poème en soi. Il balade ses grands yeux tristes à Medellín, une bouteille à la main, en se lamentant sur le sort de sa carrière ratée de (très grand) poète, espérant encore écrire son magnum opus. Mais si sa grande œuvre ne résidait pas dans un poème, mais plutôt dans la découverte d’un poète — ou plus précisément, d’une poétesse ? Car oui : alors qu’il enseigne la poésie à des adolescents, il tombe sur Yurlady, une jeune fille dont la simplicité et la spontanéité poétique le touchent. Bien décidé à la propulser vers les sommets d’une gloire qu’il n’a effleurée que du bout des doigts — en gagnant un obscur prix de poésie à vingt-quatre ans —, il l’imagine déjà comme une nouvelle Alejandra Pizarnik et la pousse à participer à des cercles d’écriture poétique. Seulement voilà : personne, à part lui, ne souhaite troquer la normalité de la vie pour la gloire d’écrire un seul poème qui lui fera passer (ou pas) à la postérité. Et certainement pas la jeune Yurlady, qui rêve d’un destin bien différent de celui que tente de lui imposer Óscar.
“Seulement voilà : personne ne souhaite troquer la normalité de la vie pour la gloire d’écrire un seul poème qui lui fera passer (ou pas) à la postérité.”
Simón Mesa Soto rejoue et interroge le motif du maître et de son élève, qui structure certains récits...

















