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En 2000, lorsque sa femme disparaît, Jacques Viguier est accusé de son meurtre. Innocenté en première instance, il est renvoyé aux assises, où son avenir se joue entre la force de persuasion de son avocat, Me Eric Dupont-Moretti, et l’intime conviction des jurés. De ce fait divers encore non-élucidé, Antoine Raimbault fait un film de prétoire qui a tout du thriller judiciaire. Hyper-documenté, rythmé, et restituant parfaitement les étapes-clé de ce procès hors norme, Une Intime conviction, qui sort en salle aujourd’hui, se pose en modèle du genre. 

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Pour l’heure, la profession connaît Antoine Raimbault comme le jeune homme à l’allure de premier de la classe qui a initié Dupont-Moretti à l’actorat, dans un court métrage. A n’en pas douter, son passage au format long lui assurera une sortie immédiate de l’anonymat, notamment grâce au casting qui partage l’affiche, Olivier Gourmet et Marina Foïs. Tandis que le premier enfile la robe du ténor, la seconde prête ses traits à un personnage de fiction – seule invention scénaristique – à travers lequel progresse l’intrigue.Sur une cadence haletante, le réalisateur abat les cartes des neuf années de préparation qui auront été nécessaires au développement de son projet. Une gestation nourrie de recherches, de consultation des PV d’instruction aux archives et d’observation d’audiences, qui expliquent la précision qu’il applique à son film. Mise en scène ciselée, jeux de cadrage intenses, montage efficient : tous les arguments du solide film d’enquête sont réunis pour rapprocher le cinéaste d’un Alan J. Pakula ou d’un Michael Mann.

« J’ai fait ce film pour interroger la justice française »

Loin de la théâtralité américaine, ce sont les cours d’assises hexagonales que Raimbault met au banc des accusés. Devant sa caméra, notre système judiciaire ne peut cacher ses failles et, s’il ne s’agit pas de faire le procès de la justice, il s’agit toutefois de montrer à quel point l’intime conviction est déterminante à l’issue d’un procès. Cette notion, qui est au cœur d’un documentaire éponyme et qui a également servi de matière à Raymond Depardon, constitue le cœur battant du film, comme elle l’a été dans le jugement qui s’est étalé en une des journaux à l’époque.

« L’enjeu était de faire l’apologie du doute », explique Antoine Raimbault, précisant : « La vérité ne m’intéresse pas autant que de savoir comment on fait pour juger sans preuve ».

Au plus près du réel

Proche d’Eric Dupont-Moretti, mais aussi de la famille Viguier dès lors qu’il a commencé à s’intéresser à l’affaire, Raimbault fait figure d’inside man le mieux à même de porter cette histoire à l’écran. Se décrivant comme un « émissaire », c’est lui qui les a mis en contact au moment de changer d’avocat et c’est aussi lui qui a passé des années à décortiquer chaque aspect de l’instruction. « L’ensemble des dossiers fait la taille d’une pièce entière. Au moment de la préparation j’ai convié les acteurs pour un weekend de coaching, où ils ont eu accès aux documents et ont pu rencontrer des policiers qui travaillent sur le même type de cas, un avocat pénaliste ou des témoins », relate le cinéaste.

Au-delà de cette phase préparatoire en amont du tournage, Antoine Raimbault a également obtenu le réalisme souhaité grâce à une astuce digne d’une bonne plaidoirie. Interrogé sur l’apparente spontanéité de certaines scènes, il confie : « Les répliques étaient très écrites, on ne pouvait pas changer une virgule. Pour monter en tension, les acteurs improvisaient tout en sachant que seul le passage figurant au scénario serait gardé. Il y a un hors-champ perpétuel dans la manière dont nous avons travaillé ».

Tandis que l’affaire Viguier n’a pas livré ses secrets et que la famille envisage toujours que la disparue puisse être encore en vie, Antoine Raimbault montre que la réalité est parfois plus palpable à travers le prisme de la fiction et que le cinéma ne cesse jamais d’interroger notre société.

  • Une Intime conviction, d’Antoine Raimbault, avec Olivier Gourmet et Marina Foïs. Sortie prévue le 6 février. Hors-compétition.