

Contemplatif et prégnant
Dotant son tandem de protagonistes d’une bienveillance qui guide tout le propos, Terrence Malick signe une œuvre humaniste, dans laquelle ses fidèles retrouveront les ressorts d’une réalisation qui a fait ses preuves. Privilégiant, comme de coutume, le très grand angle pour capturer les scènes de liesse de contemplation de la nature, l’Américain use aussi de plans séquences saisissants. Douce lumière, décors naturalistes, tournage à dominance en extérieur : ses leitmotive de Malick sont bien là. Saluons, enfin, les envolées instrumentales qu’on croirait sorties d’une publicité, que d’aucuns pourraient critiquer si elles n’étaient pas si redoutablement efficaces pour donner de la profondeur au film.
La finesse de l’interprétation
Incarnant le héros solitaire avec panache, August Diehl donne vie à un destin méconnu qu’on suit en retenant son souffle. La petite histoire qui fait écho à la grande est un ressort éprouvé du septième art. Pour autant, le jeu tout en subtilité rend cette histoire unique. On regrettera simplement que Malick fasse s’exprimer son casting germanophone en anglais, exception faite de certaines scènes. Notons à ce sujet, que les scènes où les personnages parlent allemand sont celles qui versent dans la violence.
Le fameux mystère malickien naît aussi de sa judicieuse pratique du hors-champ. En effet, en plus d’utiliser le hors-champ dans sa veine principale en positionnant sa caméra hors de l’action pour ne capturer qu’un son ou une répliques, le cinéaste s’en sert aussi dans son montage. Ainsi, les séquences donnent souvent l’impression d’être prises sur le vif et les dialogues sont entrecoupés à desseins afin que ces interruptions produisent le rythme si singulier de Malick.
Une vie cachée, de Terrence Malick, avec August Diehl, Valerie Pachner, Matthias Schoenaerts et Maria Simon. Sortie en salles inconnue.
Présenté au 72e Festival de Cannes en Compétition.