Dans une grande enquête sur la condition animale, nous avons confronté l’œuvre de plusieurs auteurs contemporains, de Kaoutar Harchi à Carol J. Adams, au travail des associations militantes contre la maltraitance animale, en nous demandant : qu’est-ce que la transformation de notre rapport aux animaux dit de notre société ? Et comment la littérature s’empare-t-elle du sujet de la condition animale ? 

La question animale est un sujet de préoccupation de plus en plus important. Si le sujet des abattoirs, des élevages en batterie et des sévices infligés aux cochons occupe aujourd’hui l’espace médiatique, c’est grâce notamment aux associations militantes, comme  L214, créé en 2008. Les chiffres qu’avance ainsi Dominic Hofbauer, l’un de ses portes paroles, sont édifiants : « 3,5 millions d’animaux sont tués dans les abattoirs français… en une seule journée ». Pour lutter contre la surconsommation de viande et la maltraitance animale, L214 collabore ainsi avec des gens qui travaillent dans des élevages intensifs ou dans des abattoirs et qui fournissent des images avec des preuves de date et de lieu. Aujourd’hui les capsules vidéos de l’association créent une prise de conscience rapide et immédiate et reçoivent un très large écho. 

Le chien cristallise cette transformation du regard porté sur les animaux, comme le montre le très beau récit Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour, mais aussi le lancement en 2023 de la revue Bâtard. « Les gens se rendent compte que le chien a des besoins, des émotions, qu’il est un membre de la famille à part entière. » nous indique ainsi Emma Guerchon, co-fondatrice et co-rédactrice en chef du magazine Bâtard, dans le grand entretien qu’elle nous a accordé. 

Politique de la viande

La réédition en janvier dernier de La politique sexuelle de la viande au Passager Clandestintémoigne également de cette évolution. Carol J. Adams interroge le contenu de nos assiettes avec un prisme passionnant : véganisme et féminisme seraient intimement liés et ne devraient pas être dissociés, « la consommation de chair animale et l’oppression féminine étant comme deux affluents d’un même fleuve : celui du système patriarcal. » (Apolline Limosino). 

Kaoutar Harchi, nous indique, quant à elle, que la relation des êtres humains aux animaux ne fait que reproduire la relation des dominants aux dominés. Dans son excellent essai, Ainsi l’animal et nous, paru aux éditions Actes Sud, l’essayiste propose une réflexion puissante sur la condition animale en dressant une généalogie historique et philosophique de la relation entre l’homme et l’animal. Kaoutar Harchi tente ainsi de regarder au plus près « ce phénomène qui rend les animaux tuables », comme elle l’affirme dans l’entretien qu’elle nous a accordé.

Alors, aujourd’hui, devons-nous tous devenir végétariens ? 

Nous vous laissons découvrir notre enquête pour répondre à cette question !

  • Crédit Photo : Grave de Julia Ducourneau (2016)