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Jérôme Varenne (Mathieu Amalric) Florence (Karin Viard), la maîtresse de son père ? © ARP Sélection – Jérôme Prèbois

Grâce un casting rôdé et à une mécanique bien huilée, Jean-Paul Rappeneau s’engouffre sur les chapeaux de roue dans les méandres d’une histoire de famille entre Ambray, Paris et Londres.

affiche belles familles
14 octobre

Belles Familles démarre dans un avion au petit matin. Les passagers dorment. Un seul passager tapote sur son ordinateur, éclairé par sa petite lampe individuelle : Jérôme Varenne, incarné par Mathieu Amalric. L’ambiance est paisible et silencieuse. Soudain, les hôtesses s’invitent dans l’habitacle pour servir le petit-déjeuner. En moins d’une minute, Jean-Paul Rappeneau va alors nous emporter dans un tourbillon qui ne se calmera que deux heures plus tard.

Douze ans après Bon voyage, Rappeneau, le réalisateur du fameux Cyrano de Bergerac (sorti en 1990 avec Gérard Depardieu), retrouve donc sa caméra pour Belles Familles. « L’idée était de tourner une sorte d’autobiographie imaginaire puisqu’au fond, dans ce qui est raconté, tout a un lien avec moi mais rien n’a de lien avec ma véritable vie », explique-t-il dans le dossier de presse. Rappeneau a vécu 18 ans en province avant de partir à Paris. Un peu comme Jérôme, le héros de son film, il va revenir sur les traces de sa jeunesse afin de « montrer la France d’aujourd’hui mêlée à celle d’hier, une province des années cinquante dans le grand bain de la mondialisation ».

Maison de famille invendue

Jérôme Varenne est à la tête d’une entreprise de Shangaï. Du haut de sa tour de verre, un café Starbucks à la main, ses bureaux dominent la mégalopole chinoise. A l’occasion d’une escale en Europe pour conclure un accord à Londres, Jérôme retrouve sa famille à Paris. C’est l’occasion de présenter Chen-Lin, sa fiancée et associée chinoise, à sa mère et à son frère. Mais aussi de découvrir que les affaires familiales ne vont pas si bien que ça…

Depuis la mort de Paul, le patriarche Varenne, sa veuve veut vendre la grande et belle maison familiale d’Ambray (une ville tout droit sortie de l’imaginaire de Jean-Paul Rappeneau). Pour cela, elle a confié les clés du projet à Grégoire Piaggi (Gilles Lellouche), ami d’enfance de Jérôme Varenne. Le promoteur veut entourer la demeure d’une résidence de luxe, tandis que la mairie veut faire jouer son droit de préemption afin de construire des logements sociaux.

Grégoire Piaggi a donc porté plainte contre la Ville. Pendant ce temps là, la veuve Varenne n’a pas touché un centime. Malgré son rendez-vous crucial à Londres, Jérôme Varenne décide de prendre le taureau par les cornes et d’aller voir lui-même ce qui se trame à Ambray. Derrière les vieilles façades ou au fond de tiroirs vermoulus, le héros de Jean-Paul Rappeneau va réveiller des secrets endormis depuis de longues années.

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Marina Vacht incarne la fougueuse Louise. © ARP Sélection – Jérôme Prèbois

Des personnages hauts en couleurs pour un film rythmé

Loin de l’image d’une province molle et assoupie, Belles Familles est un film nerveux. Les téléphones sonnent, les portes claquent et les pneus crissent sur l’asphalte

Loin de l’image d’une province molle et assoupie, Belles Familles est un film nerveux. Les téléphones sonnent, les portes claquent et les pneus crissent sur l’asphalte. En une seconde on passe de Londres à Ambray ou d’une étude de notaire à un festival de musique classique.

Les personnages ont tous des caractères bien trempés : l’insatiable curiosité de Jérôme Varenne (Mathieu Amalric) ne le fait reculer devant rien, Grégoire Piaggi (Gilles Lellouche) oscille entre affabilité mielleuse et colère incontrôlable, sa petite-amie Louise (Marina Vacht) revendique sa fougue et son mauvais caractère, tandis que Jean-Michel Varenne, le frère de Jérôme (Guillaume de Tonquédec) enchaîne les critiques sarcastiques. A ce casting déjà brillant s’ajoutent les belles présences de Nicole Garcia (Suzanne Varenne), d’André Dussolier (maire d’Ambray) et de Karine Viard (maîtresse de Paul Varenne).

L’intrigue se dévoile progressivement, les aveux succédant aux trahisons. On pourra juste regretter un triangle amoureux cousu de fil blanc et inutile au scénario. En bon chef d’orchestre, Jean-Paul Rappeneau a donc maîtrisé sa partition et ses musiciens quasi parfaitement.

  • Belles Familles, de Jean-Paul Rappeneau, avec Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Marina Vacht, Karine Viard…