Le mois de décembre et la période des fêtes devaient être joyeux, mais dans la tête d’une personne malade, il existe un territoire mystérieux où la peur et la réalité se confondent, où chaque symptôme ressenti peut devenir le signe précurseur d’une maladie imminente. Dans un texte déconcertant aux ressorts tragicomiques, Aliosha Costes nous entraîne dans les méandres de l’hypocondrie, où chaque manifestation physique – même la plus anodine – est suivie d’une chute vertigineuse dans les abysses de l’anxiété. 

La glaire qui venait de s’accoler à mes lignes de vie avait l’allure d’une huître. En l’observant dans ma paume, je remarquai qu’elle venait de me retirer dix ans.

C’était pourtant un mois de décembre particulièrement joyeux. La période des fêtes battait son plein, les décorations illuminaient le centre-ville en s’alimentant de rires d’enfants et de musiques commerciales, mais je sentais toutefois mon corps partir, vaincu par cet hiver de trop. Ma toux était aussi grasse qu’un foie de canard et à chaque tranche, je voyais quelques taches de sang décorer mon carrelage de regrets. Je ne tiendrai pas jusqu’aux bourgeons, non, le printemps prochain se fera sans moi ; cette fois, pas de doute : mon heure était venue.

Dès mon réveil, farci de douleurs et de paniques, j’avais aperçu mon corps sombrer vers l’ailleurs ou l’autre monde. Ma respiration avait le ton d’un diesel et je sentais grésiller mon esprit de bruits inquiétants qui me rappelèrent ceux du téléviseur. Mes inspirations comme des serrements de cœur, mes expirations en solitudes amères. Je m’empressai d’appeler Monsieu...