Le nombre d’entrées impressionnant et la prolongation jusqu’au 3 Mars de l’exposition 1925, Quand l’Art Déco séduit le monde, m’ont incité à pousser les portes de la Cité de l’architecture et du patrimoine pour mieux comprendre les raisons d’un tel engouement.
Cela va bientôt faire un an que l’Art Déco et plus généralement les années vingt ne cessent d’être à la mode. L’exposition Tamara de Lempicka à la Pinacothèque m’ayant un tant soit peu déçu, 1925, l’Art Déco séduit le monde m’inspirait de la méfiance. Notamment par son thème plus que généraliste, paraissant beaucoup trop vague pour y trouver un traitement pertinent ne reprenant pas les clichés du genre. En réalité, j’étais « mauvaise langue ». L’exposition m’a séduite tout autant que l’Art Déco a séduit les années vingt.
Il est évident et incontestable que l’Art Déco est l’un des premiers mouvement artistique total, s’étant diffusé dans toutes les branches: de la peinture à l’architecture en passant par la mode et le design mais surtout s’étant répandu dans le monde entier, de part et d’autre de l’Atlantique comme en Asie. C’est cette mondialisation que l’exposition a tenté de démontrer non sans un certain talent.
Passées les considérations générales mais nécessaires consistant entre autre à différencier l’Art Déco de l’Art Nouveau, deux mouvements sans cesse confondus par le grand public, la démonstration de son influence à travers le monde est amorcée.
Il paraissait évident de débuter en exposant le contexte de cette révolution artistique, celui d’un monde sans cesse attiré par la vitesse et le mouvement, connaissant l’essor du cinéma, de l’aviation et des automobiles parfois conduites par des femmes modernes libérées et clientes assidues des grands couturiers. Cette vitesse et ce mouvement nous amènent enfin à penser que les échanges, se multipliant d’une manière exponentielle, sont un des facteurs déclencheur de la mondialisation du mouvement. Ainsi, les commissaires ayant rappelé tous éléments clés de l’Art Déco, poussent progressivement le visiteur vers la compréhension de son caractère global.
C’est à partir de la troisième section que l’exposition prend tout son sens, répondant parfaitement à la problématique posée par son titre. Le choix de l’année 1925 est ainsi justifié, faisant référence à l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris. Une série de salles lui est consacrée, présentant les différents pavillons symboles des tendances de l’époque.
Après nous avoir rappeler l’essor du mouvement en France, en insistant principalement sur l’architecture (ce qui me paraît légitime de la part de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine), les dernières sections nous dressent un panorama de l’Art Déco à travers le monde, rappelant ses principaux chefs d’oeuvres architecturaux de Rio à Shanghai en passant par New York et Tokyo. Ces derniers illustrent et donnent sens à l’exposition, répondant à son objectif, celui de la démonstration d’un mouvement mondialisé.
Un seul reproche, l’éventuel manque d’oeuvres pour certaines sections, mais ce n’est ici que la parole d’une nostalgique de ces années, cherchant toujours plus de pièces-témoins, afin d’assouvir son envie de connaître l’effervescence des années folles. Néanmoins on ne peut que vivement féliciter les commissaires pour leur effort de démonstration didactique, cherchant à faire saisir l’influence d’un tel mouvement par le grand public, dans l’écrin d’une scénographie simple et efficace.
- 1925, quand l’Art Déco séduit le monde, 16 octobre 2013 – 3 mars 2014, Cité de l’architecture et du patrimoine.
Cassandre Morelle