Après un voyage au Japon, sur l’île musée de Naoshima, Antoine Choplin a décidé d’utiliser ce lieu et cette culture dans son dernier roman. S’il réussit à s’approprier les codes et l’atmosphère de la littérature locale, il manque ce supplément d’âme qui hante le lecteur une fois la lecture achevée. 

Plus de dix ans après leur dernière rencontre, Masao aperçoit sa fille, Harumi, à la sortie de l’usine dans laquelle il travaille, sur l’île de Naoshima. Il est ouvrier, elle est devenue architecte et doit assister son patron pour la construction d’un musée. De ces retrouvailles découle deux histoires, racontées alternativement. Il y a la tentative de renouer une relation père-fille et les réminiscences du passé exposées à la manière d’un monologue intérieur. 

Antoine Choplin parvient à créer un cadre feutré empreint de cette pudeur que l’on dit de façon un peu clichée « japonaise ». De l’atmosphère aux rares conversations, l’auteur capte l’esprit du roman japonais grâce à un sens aigu de l’observation et des détails moins insignifiants qu’ils n’en ont l’air. 

« Le regard de Harumi ne fait que balayer les deux pièces de l’appartement. À l’entrée de la chambre, elle a pourtant remarqué, empilés à même le sol, les livres de poésie. Et sur le petit meuble d’encoignure désormais dans son dos, elle a peut-être aperçu au passage cette photo d’elle enfant, dans son cadre de bois ouvragé ». 

Les premiers échanges sont ponctués par des silences et plongent Masao dans la mélancolie. Il se rappelle ses années de gardien de phare, son histoire d’amour avec Kazue, personnage étrange et habité par la mort, dont la disparition le poussera à se lancer dans la construction d’une barque, comme une façon, selon l’auteur, d’éviter de faire naufrage. Le procédé est un peu gros, mais il y a de l’humanité dans cette écriture et le lecteur sait être indulgent. 

Cela dit, les personnages restent assez clichés. L’ouvrier bourru et taiseux n’est pas une nouveauté. Encore moins quand il discourt sur l’art et ses implications. 

« Je ne sais pas bien ce que signifie être artiste. Mais, même sans le savoir, je dirais volontiers que Kazue en était une, à sa manière. I...