Reprenant un motif historique typique du cinéma roumain contemporain, la chute de Ceaușescu, Bogdan Mureşanu délivre un film choral, couronné par le prix du meilleur film dans la catégorie Orrizzonti, à la Mostra de Venise.

20 décembre 1989 : les habitants de Bucarest devraient être en train de préparer les festivités de Noël. Seulement, voilà. Quelques jours auparavant, le régime a tiré sur une foule de manifestants, dans le poumon étudiant du pays : Timișoara. Inconscients que l’Histoire va se jouer dans les jours à venir – Ceaușescu sera exécuté le jour de Noël – une poignée de roumains tentent tant bien que mal de régler leurs problèmes : une actrice (Nicoleta Hâncu, admirable) est choisie pour prononcer les vœux de la nouvelle année de Ceaușescu à la télévision nationale, alors même qu’elle n’a plus de nouvelles de son compagnon présent dans les manifestations de Timișoara. Un ouvrier (Adrian Văncic) découvre, effaré, que son propre fils de sept ans l’a accidentellement dénoncé au Parti, en écrivant dans sa lettre au père Noël que le vœu le plus cher de son père était « la mort de l’oncle Nick » – c’est-à-dire de Ceaușescu. Une ancienne membre du Parti se voit chassée des murs qu’elle a habité durant des décennies par son propre fils. Un jeune homme tente de fuir la Roumanie à l’aide d’un camarade de classe alors que son père, apolitique, hésite à dénoncer ses proches pour pouvoir passer un examen décisif pour son avenir… Tous ces personnages se croisent au détour d’un plan, d’une rue, avec pour fond sonore la radio occidentale qui égrène le nombre de morts juchant la place Timișoara.
À cette grande fresque historique, Bogdan Mureşanu insuffle une touche d’ironie et d’humour noir qui met en exergue les questions absurdes et cruelles que les Roumains sont obligés de se poser.
Enfants de chœur
Un peu à la manière de l’écrivain tchèque Milan ...