La saga Conjuring est de retour avec ce dernier opus réalisé par Michael Chaves, et c’est définitivement pour nous jouer un mauvais tour. Un dernier épisode plat, paresseux et jamais effrayant. La bondieuserie de trop. 

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Conjuring, épisode 4 ou 10 ?

On ne le sait plus vraiment, tant la saga s’est déclinée à profusion depuis le succès surprise du premier opus, réalisé par James Wan, redoublant de spin off et autres produits dérivés. D’une qualité très variable, ces ersatz n’ont jamais réussi à retrouver la maestria, à la fois ludique et perverse, qui faisait tout le sel du premier opus. Depuis le troisième épisode, Wan a même laissé son siège de chef du navire amiral au matelot de la saga, Michael Chaves, lequel avait déjà dépanné sur La Malédiction de la Dame Blanche, La Nonne: La Malédiction de Sainte-Lucie et Conjuring Sous l’emprise du Diable.

Pas déshonorant, ce dernier tentait de faire muter la saga vers d’autres voies, croisant film de procès et embryon de polar rural. S’étant visiblement fait taper sur les doigts pour avoir eu tant d’audace, Chaves revient illico presto aux fondamentaux de la saga : un énième totem malfaisant sort du chapeau pour venir terroriser une gentille famille américaine qui n’aura d’autre choix que de faire appel à notre duo d’inspecteurs, lequel finira, après atermoiements, par se résoudre à plonger les deux mains dans l’eau bénite croupie. Déjà vu, me direz-vous ? Pas grave pour Chaves, qui mise vraisemblablement sur l’amnésie des spectateurs pour glisser en cachette son remake non avoué.

REDITE ET ENNUI

Ainsi, pas l’ombre d’un rafraîchissement de peinture de la maison horrifique n’affleure dans ce dernier opus mais plutôt l’envie d’en explorer les ultimes recoins, fussent-ils poussiéreux, rongés de mites et mille fois arpentés. L’attention se fait vite défaillante face au spectacle d’une horreur aussi recyclée et pré-mâchée, dont le seul horizon est de décliner jusqu’à plus soif tous les tropes bigots de la saga. À force d’avoir été exploité, voilà l’imaginaire monstrueux de Conjuring, autrefois resplendissant de poésie macabre, confit dans sa petite gelée putride. 

Il ne faut pas non plus compter sur le réalisateur pour injecter la moindre inventivité scénographique. Artisan utilitaire, impersonnel par excellence, Chaves n’a comme atout dans sa manche que sa petite panoplie de ressorts éculés (jump-scare, gore qui tache, bestiaire générique) pour arracher un sursaut. Naturellement, rien qui ne tienne de l’effroi véritable ou du sentiment de paranoïa ambiant qu’un authentique film de possession (revoir toute la série des Body Snatchers pour cela) devrait savoir insuffler au cœur. La musique est à l’avenant : bien loin des mélodies torturantes des classiques du genre, la bande originale se réduit à sonner le tocsin pour annoncer...