Enfer que ce mois de septembre, qui ramène chacun à son bureau, à ses couloirs, à ses écrans. Le retour au travail s’accompagne d’un climat d’incertitude : blocages, tensions, inquiétudes sociales, horizon politique brouillé. Dans ce vacillement, la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité. Elle rappelle que l’imagination est une force, capable de fissurer l’ordre établi et d’inventer d’autres devenirs.

Cette semaine, nous vous proposons plusieurs chemins :
– L’entroubli de Thibault Daelman (Le Tripode), roman singulier qui avance dans une langue trouée, étrange et captivante.

– Brutes de Dizz Tate, premier livre incandescent qui saisit la voix d’une jeunesse à vif.

– Nérona d’Hélène Frappat, satire irrésistible du pouvoir extrême, un livre essentiel.

Côté écrans, deux films à ne pas manquer : Ciudad Sin Sueño de Guillermo Galoe, sorti la semaine passée, et Sirat d’Oliver Laxe, vision du désert transformée en danse de sable et de lumière.

Nous publions aussi deux créations inédites.
– Le Journal de septembre d’Alexandre Labruffe : un été à Nevers, texte drôle et inventif, qui interroge ce qu’est un écrivain en résidence tout en explorant la vie d’une ville à l’écart, emblématique de cette France des diagonales du vide.

– Station Fantômes de Clara Benador : une errance sur les aires d’autoroute, texte d’une justesse rare, qui creuse ce trouble affectif saisonnier, ce sentiment si particulier qui nous saisit un dimanche soir ou au retour des vacances, lorsque quelque chose s’achève et que l’on peine à en sortir.

Zone Critique poursuit ainsi son geste : ouvrir, déplacer, secouer, pour rappeler que dans l’incertitude du temps présent, l’imagination reste une puissance politique.