Les hymnes et discours sacrés d’Orphée, aux éditions de l’imprimerie nationale, commentés par Jacques Lacarrière, chassent « loin de nous les terreurs qui peuplent nos nuits ». Ces chants splendides ont été « écrits » par un poète qui n’a pas existé alors que tant d’écrits inexistants pullulent chez les auteurs bien en chair et en place. Orphée, dionysiaque et apollinien crée tout ce qui est en puissance. Il est donc la poésie en acte.

Il fut un temps où on glorifiait les acteurs qui faisaient leurs cascades eux-mêmes. Transposé à la littérature, tout cela semble risible. Pour elle, en effet, une cascade consiste à redécouvrir la lune avec l’air éberlué d’un scaphandrier. Dans la salle des profs, un diplôme d’écrivain en poche, les auteurs défilent tenant leur sexe en main, en s’étonnant que les familles soient criminogènes. Ils se regardent le derrière et, dans ce tunnel sans fin, cherchent ce qu’ils n’ont pas creusé. Mais pourquoi y a-t-il le néant plutôt que rien ? La pâte à papier est plaintive devant tant d’orifices ! Il y a en Russie une secte appelée les orants du trou. Ils délimitent un trou dans leur isba et c’est à travers lui qu’ils prient leur Dieu. Visiblement cette secte méconnue a fait des émules en littérature. Le parc durassique est même devenu trop étroit. Cela déborde de minuscules reptiles : « Et je te raconte mon viol, mon inceste, l’histoire des opprimés depuis ma résidence secondaire ou la violence des banlieues une craie à la main ». On dirait des délégués de classe. Cela me fait penser à madame de Sévigné, voyant un couvreur rénover sa toiture, s’exclamant : « quel appât du gain faut-il avoir pour faire ce genre de métier ? ». La cascade, toujours teintée d’ironie et d’amour, s’est muée en béance de ressentiments. Parfois, au reb...