Les derniers jours du parti socialiste d’Aurélien Bellanger est un roman aussi fascinant que déstabilisant, et certainement l’un des plus intéressants de cette rentrée littéraire. 

Dans ce récit que la quatrième de couverture qualifie de balzacien, Aurélien Bellanger nous décrit avec la précision d’un romancier réaliste et l’ironie d’un satiriste des lumières, la progressive débâcle idéologique du parti socialiste au début du XXIè siècle. L’auteur de La Théorie de l’information et du Grand Paris met ainsi en scène la mystérieuse figure de Grémond, un intellectuel qui va devenir l’idéologue le plus influent du PS, et infléchir ses valeurs en direction d’une défense universaliste de la laïcité. Cet infléchissement va engendrer une évolution réactionnaire du parti politique, et signer son arrêt de mort. 

L’intérêt des Derniers jours du Parti socialiste se situe dans le style du romancier. L’écriture d’Aurélien Bellanger est tout à la fois étrange et virtuose. Elle déconcerte. Les personnages que ses phrases fluides fabriquent, m’ont d’abord semblé sans véritable réalité. Grémond, Taillevent et Frayère, les principaux protagonistes du récit, ne sont pas des êtres de chair et de sang, des êtres ordinaires traversés par des pensées et des émotions ordinaires, mais plutôt des entités abstraites, des archétypes idéologiques au service de la démonstration du romancier. Au début, cela m’agace et je ne me reconnais pas dans cette littérature que je trouve un peu froide et intellectuelle. 

c’est précisément ce style littéraire, à la fois satirique et exigeant, comique et analytique, qui permet à Aurélien Bellanger de dessiner avec une impitoyable netteté la récente évolution idéologique du parti socialiste

Et pourtant, c’est précisément ce style littéraire, à la fois satirique et exigeant, comique et analytique, qui permet à Aurélien Bellanger de dessiner avec une impitoyable netteté la récente évolution idéologique du parti socialiste et de disséquer avec une ironie glaçante “les rituels qui structurent les mondes politique et médiatique” (Milène Lang). C’est ce style qui permet à Aurélien Bellanger d’inventer une littérature, et peut-être de réinventer la forme du roman politique.  

Cette question de la relation entre littérature et politique est au cœur de l’édition spéciale que nous consacrons au dernier roman d’Aurélien Bellanger. “Peut-on l’aimer pour son humour et sa poésie, en ignorant la thèse politique qui, selon son auteur, lui donne tout son sens ?”, se demande ainsi notre contributeur David Spector ? 

Pour Milène Lang, Les derniers jours du parti socialiste est “surtout un roman d’idées (…) Bellanger met en pratique ses profondes convictions, chargeant son roman d’accusations lourdes et tragiques, sans cynisme ni sarcasme houellebecquiens.”

Pour David Spector, “On n’est pas obligé d’écrire un roman balzacien (…) les pages les plus belles et peut-être les plus sincères de Bellanger sont celles où sa passion de la géographie nourrit la rêverie.”

Je vous invite à découvrir ce passionnant débat !