Après un premier roman publié en 2019, Un Inventaire des silences est le premier recueil de poèmes de la Québecoise Marie-Eve Muller. Elle y propose de rassembler des fragments de sa vie – et de sa vie amoureuse. Se noyant dans les émotions que lui procure la fin d’une histoire amoureuse intense, elle apprend, poème après poème, à sortir la tête de l’eau. Jusqu’où peut-on se perdre et se laisser étouffer pour la personne que l’on aime ?
Dans ce recueil de poèmes autofictionnels, la narratrice nous propose de suivre un moment difficile de sa vie : alors qu’elle prévoyait de fonder une famille avec sa compagne, de nombreux obstacles la poussent vers une rupture.
L’absence de ponctuation au sein des poèmes renforce l’impression d’oralité. Comme un cri du cœur, elle note jour après jour, ce qu’elle ressentait et ce qu’elle redoutait, la déchéance de la relation et par-dessus tout, la perte de l’être cher qui était devenu comme une part d’elle-même.
Je fais la liste des choses
qui me manquent depuis ton départ
elles se résument toutes à
un inventaire du silence
La narration du quotidien
Ce recueil de poèmes n’est pas novateur par son thème mais bien par la manière dont il est abordé. De la relation amoureuse et son éventuelle fin, à l’alcoolisme, en passant par la volonté de devenir parents et la pandémie du Covid, chaque lecteur.ice peut se retrouver dans l’un des sujets évoqués.
Chaque lecteur.ice peut se retrouver dans l’un des sujets évoqués, que ce soit dans un souvenir positif ou, comme pour la narratrice, dans les vagues du tourment.
Grâce à une écriture au présent et des métaphores aquatiques, la narratrice nous transmet ses réflexions sur cette famille qui ne verra jamais le jour. Les métaphores qui traduisent l’expression de son intériorité, retranscrivent sa suffocation :
À chaque marche que tu descends
je m’enfonce un peu plus
dans la gélatine des méduses
Pour faire son deuil, puis se retrouver pleinement, Marie-Eve Muller retrace le chemin qui l’a menée jusqu’à la séparation : « au début j’aime quand sur notre divan-bateau // nous dérivons ». Malheureusement, ce divan-bateau devient vite un « naufrage ». La solitude s’empare en effet de la narratrice qui se sent délaissée par sa compagne alcoolique.
Épreuve après épreuve