3 + 3 = un ciel orageux. Faux ?
 ☆彡Avec Alt+Cult, c’est vrai.
La rubrique est un joyeux fourre-tout qui tisse des liens entre des œuvres qui n’ont, de prime abord, pas de rapport entre elles. Alt+Cult croise les genres, les styles, met en relation littérature, cinéma, pop culture et Internet. Cette première rubrique fait dialoguer trois films
: Vendredi 13, La meilleure façon de marcher et Wet Hot American Summer. Un slasher, un drame français et une comédie potache. Rien en commun? Si: la colonie de vacances. Souvenir drôle pour les uns, vrai calvaire pour les autres. Entre les branches qui craquent, les balles au prisonniers et les sorties plage, l’été ne touche pas tout à fait à sa fin. 

☆彡Découvrez mon summer camp, welcome to my summertime sadness.

Je suis une enfant unique overly choyée, timide et grosse. La colonie de vacances regroupe donc à peu près tout ce que je déteste : des jeux collectifs, des lits superposés et du jus d’orange acide au petit-déj. Elle est toutefois le lieu rêvé pour s’affranchir de l’autorité parentale et, pour une des premières fois, faire l’expérience du désir. Le cinéma l’a bien compris : le camp de vacances est un terrain privilégié au déploiement de personnages et de leurs affects.

Bienvenue à Crystal Lake en 1980, au Camp Firewood en 2001 et en Auvergne en 1960. Vendredi 13 de Sean S. Cunningham, Wet Hot American Summer de David Wain et La Meilleure Façon de Marcher (1976) de Claude Miller mettent en scène la colo pour ce qu’elle revêt d’absurde, de drôle, de meurtrière. Trois films comme trois doigts de la même main. 

Vendredi 13 est un film d’horreur sanguinolent. Un slasher. Des moniteurs se préparent à accueillir les enfants au camp de vacances et savourent leurs derniers moments entre adultes. Mais c’est sans compter sur Jason, un tueur sanguinaire venu se venger de sa propre expérience en tant que souffre-douleur à Crystal Lake. Dans le premier opus, il n’apparaît jamais intégralement, les scènes de meurtre étant filmées de son point de vue. En P.O.V, comme on dit.

Selon la légende officielle, Jason est mort noyé, après s’être soustrait à la surveillance de moniteurs trop occupés à échanger leurs fluides corporels.

“Vengeance ! Revenu d’entre les morts, Jason en profite désormais pour trucider les aficionados du sexe pré-marital. Et croyez bien qu’ils sont nombreux.”

Le sexe est d’ailleurs l’activité quasi exclusive des animateurs, s’adonnant chaque jour à des parties de strip-Monopoly ou des bains nus dans le lac. Moi, à la colo, je suis trop petite pour tout ça. J’ai grave peur de m’asseoir sur la lunette des chiottes, parce que je me dis que peut-être qu’un garçon s’est assis avant moi et que donc peut-être que si je m’assois après lui, eh bien je vais tomber enceinte. C’est une fille dans mon dortoir qui m’a mise en garde. 

Wet Hot American Summer se moque allègrement des rapports filles-garçons et de cette obsession du cul. Le film se déroule lors de la dernière journée du summer camp. Celle où tout doit se jouer, celle où il faut absolument pécho son crush et tout vivre vite pour ne pas regretter, pour ne pas rentrer chez soi bredouille. La comédie slapstick rit des situations grotesques : un enfant console une monitrice en passe de divorcer, un cuisinier vétéran du Vietnam communique avec une boîte de conserve parlante et des ados s’embrassent, la bouche pleine de bave. 

Le film se révèle cependant plus fin qu’il n’en a l’air lorsqu’il s’agit de représenter l’homosexualité à l’écran. Quelques jeunes tombent sur un de leurs copains en train d’embrasser en cachette un autre garçon. Pris sur le fait, le couple assume. Le film suit son cours sans plus de tracas, les deux jeunes avancent main dans la main et s’embrassent devant tout l...