Premier roman presque tendre sur la quête de sens et d’origines, aux traditionnelles inspirations autobiographiques et purgatoires, Quatre jours sans ma mère n’échappe malheureusement pas à un écueil encore bien courant dans la littérature contemporaine : il échoue à tenir sa promesse faite aux lecteur·ice·s.

En septembre 2025, je découvre Ramsès Kefi lors d’une rencontre littéraire au Palais de la Porte Dorée. Il est drôle, intéressant, doux ; il lit une partie de son texte, la salle rit aux éclats, et moi, je me dis qu’il faut à tout prix que je lise son livre.
En l’ouvrant, je m’attendais, comme l’auteur me l’avait promis, à beaucoup de subtilité et d’esprit. J’ai été bien déçue. Si l’écriture de l’absence est certes maîtrisée, l’humour ne fonctionne pas et, surtout, le livre échoue dans sa dénonciation, faussement subtile, de la nécessaire présence des femmes dans la vie des hommes. À travers le récit d’un fils à l’agonie, perdu sans sa mère, l’auteur poursuit en réalité des biais patriarcaux sans les remettre en question. Dans cette famille nucléaire hétéronormée, la mère fait tout, le père est taiseux, et le fils de trente-sept ans dort encore dans sa chambre au papier peint Schtroumpfs.

« Sans bruit et sans reconnaissance »

Quand Amani disparaît brusquement, ne laissant qu’un mot à son fils — « Je dois partir, vraiment. Mais je reviendrai. Tu comprendras. Je t’aime. À bientôt, fils. » —, Salmane, ancien étudiant en histoire déchu, désormais serveur dans un restaurant de sushis-tajine, et son père Hédi la cherchent et remontent le cours de sa vie. Pendant ces quatre jours de quête, Salmane se remémore son histoire dans la banlieue parisienne de La Caverne – qui porte très bien son nom – et fait le compte de tout ce qu’il a raté, à commencer par sa relation avec sa mère. Enfermé dans une routine d’homme préhistorique qui attend que sa mère plie son linge, il paie un loyer tous les mois à ses parents afin de pouvoir bénéficier du confort du cocon maternel.

En s’intéressant pour la première fois à la vie d’Amani, Salmane et son père rencontrent ses proches, comme Maria, son ex-meilleure amie, ou Nadher, son confident secret. D’abord justifiée de manière absurde – « Si elle est partie, c’est à cause du chat », selon Maria – la fuite d’Amani permet aux deux hommes de faire le compte de ce qu’ils lui doivent. Et, surtout, ce départ agit comme un révélateur des secrets des racines familiales, et comme un deus ex machina qui sort Salmane de sa vie piétinante.

Pendant ces quatre jours, le jeune homme décide de so...