Outrancier comme un Dario Argento, artificiel comme un Wes Anderson, Reflet dans un diamant noir clinque mais ne brille pas. Reparti bredouille au Festival de Berlin, le quatrième long-métrage du duo Hélène Cattet–Bruno Forzani avait pourtant un potentiel loufoque fort sympathique, hélas noyé dans une surenchère assommante d’effets visuels. Un objet pop qui fait pschitt.

Un retraité profite du soleil dans un palace azuréen. Entre deux séances de voyeurisme, il se remémore son passé d’agent secret… jusqu’à se perdre dans ses souvenirs. Ses pires ennemis, la mystérieuse Serpentik en tête, auraient-ils fini par le retrouver ?
Ne vous attachez pas trop à cette trame alléchante, sur le papier détournement comique des James Bond, car Hélène Cattet et Bruno Forzani délaissent d’emblée cette intrigue. Les allers-retours entre passé et présent ne sont que prétexte pour une profusion d’images stylisées et de séquences esthétisantes trop nombreuses pour être marquantes, dans un montage-catalogue qui réduit la force des saynètes en les mettant toutes sur le même plan. Les effets stroboscopiques se mêlent à des kaléidoscopes, des dessins animés, des pastiches de bande dessinée, des pellicules brûlées, du gore flirtant avec le body horror, des sabres… Ce vertigineux patchwork étourdit sans provoquer d’émotion réelle, hormis un léger épuisement.
Rien que pour vos yeux
On ne pourra pas dire à Hélène Cattet et Bruno Forzani qu’ils n’ont pas d’idées. Pourrait-on les accuser d’en avoir trop ? Le quart d’heure inaugural du film synthétise ce problème. En quelques minutes, zooms excessifs, changements de cadre, sons surmixés, tournoiements de caméra s’enchaînent dans un montage elliptique et épileptique, marque de fabrique du film. Dans leur immense désir de cinéma, les deux réalisateurs en viennent à ne plus surprendre, tant les trouvailles se succèdent à un rythme trépidant, jusqu’à s’annuler les unes les autres. Le duo mange à tous les râteliers, et pioche autant dans le cinéma expérimental que le clip, le cartoon, le film d’espionnage dont ils retiennent essentiellement la galerie de personnages stéréotypés et de situations figées.
Or, comment un scénario peut-il canaliser une telle profusion d’effets visuels ? En étalant ses audacieuses recherches esthétiq...