Dans un bel essai paru le 27 août 2025, Édouard Launet rend hommage à trois de ses grands amours : la voile, Victor Hugo et les îles anglo-normandes. D’anecdotes en promenades, ce sont les paysages qui se mêlent au destin de ces hommes, pour en révéler toute la palette de mystères et de beautés.

On dit de certaines rencontres qu’elles s’imposent à nous, comme les turgescences troublantes d’un chemin dont nous n’avons pas les plans et qui devient nécessaire à mesure qu’on l’emprunte. La somme de ces rencontres, qu’on la nomme hasard ou destin, « grand voile à soulever », est ce qui finira par tracer la silhouette de ce que furent nos vies. Pour Édouard Launet, difficile de dire laquelle de ces interférences a précédé l’autre. Amoureux de la voile d’abord, s’entremêlent à sa vie l’archipel des Glénans, leurs beautés et leurs brumes, puis le spectre de Victor Hugo — jusqu’à leur évidente confluence.
Journaliste, écrivain, Édouard Launet a longtemps collaboré au service Culture de Libération, où il était chargé de la chronique « On achève bien d’imprimer », avant de cofonder la revue culturelle Délibéré. Il a dix-sept ans lorsqu’un soir, ses amis lui proposent de dégager de la rade enfumée dans laquelle ils boivent pour aller « déraper ». Par ce terme, il faut comprendre lever les voiles — au sens propre comme au figuré. Après une nuit abominable à naviguer à l’aveugle en pleine tempête dans les Minquiers, Édouard Launet débarque à Saint-Pierre-Port, la capitale de Guernesey. Aussitôt, c’est la révélation : « La perfecti...