Jusqu’au 21 Juillet, le Grand Palais nous offre une rétrospective Bill Viola vu par Viola. Un événement majeur pour le musée qui ouvre la saison en dépoussiérant sa programmation, présentant pour la première fois une oeuvre d’un nouveau média.
Bill Viola n’est que très peu exposé dans les musées nationaux. Les français restant attachés à leurs classiques, Monet, Picasso ou Braque attirent un plus large public que les « nouveau média » américains. C’est donc un pari osé qu’a du relever le musée attirant toujours les foules avec leurs expositions à succès, l’art vidéo n’étant pas le genre le plus facile à exposer et mettre en place.
Le propre de toute œuvre d’art étant de transmettre des données, certains artistes se sont aussitôt emparés des nouvelles technologies, moyen ultime de communication. L’art vidéo occupe une place importante dans ces « nouveau média », si souvent critiqué, et Bill Viola n’en est pas moins un artiste phare. Si l’ensemble du mouvement peut paraitre difficile à comprendre du premier coup d’œil, les commissaires ont essayé d’aider le public à le saisir.
En effet la scénographie est sobre, épurée, simple à l’image du travail présenté, et peut presque être comprise comme une création artistique en tant que telle. Cela ne relève pas du hasard, l’artiste en personne et sa femme ont œuvré à une telle présentation. Les écrans suspendus (sans aucun câble visible), les murs noirs et le peu d’informations textuelles nous permettent de nous immerger complètement dans les vidéos. Le manque de notices, pouvant être déroutant de prime abord, s’avère finalement être un moyen de mieux saisir l’œuvre personnellement et intérieurement. C’est d’ailleurs ce que voulait l’artiste, souhaitant que chaque spectateur ait son propre cheminement dans l’exposition ; il y a alors autant de manière de visiter que de visiteurs.
Passées ces considérations pédagogiques et scénographiques, la démarche de Viola, qui tourne autour de l’existence de l’être humain en partant de postulats philosophiques, s’avère être beaucoup plus riche qu’il n’y parait. Son travail part d’une vision de l’existence en trois temps: les deux premiers sont éternels; ceux qui ne sont pas encore nés et qui viendront après nous et les morts à qui l’on doit un respect éternel. Le troisième est temporaire, c’est le « nous », ce qui existe sur cette planète au temps présent et devant laisser quelque chose pour la postérité.
Toute l’œuvre de Bill Viola réside dans la beauté et la simplicité des images mais aussi dans la facilité avec laquelle il arrive à parler d’un sujet aussi complexe que l’humanité. Catherine’s Room serait le polyptyque vidéo qui présenterait au mieux son travail, nous offrant une vue intime dans la chambre d’une femme seule du matin au soir accomplissant une série de rituels quotidiens, une petite fenêtre offrant un aperçu sur le monde extérieur.
Catherine’s Room serait le polyptyque vidéo qui présenterait au mieux son travail
Pour Bill Viola, le plus important est de prendre le peu de temps dont la vie nous a fait don pour pouvoir découvrir, créer et laisser quelque chose de nouveau. Une chose est certaine, l’artiste nous laissera un bel héritage. Il suit ce fil rouge dans son travail et nous pousse à le suivre en ayant révolutionné la manière dont on visite une exposition, l’utilisant comme un moyen pour se retrouver face à nous même, un paradoxe par rapport au média utilisé
- Exposition Bill Viola, 05 Mars 2014 – 21 Juillet 2014, Grand Palais, Galeries nationales
Cassandre Morelle