Si Marcel Proust est devenu la madeleine des écrivains français, il y a des textes plus aboutis que d’autres sur la Recherche. Celui de Catherine Cusset en fait partie. L’autrice mélange anecdotes personnelles, humour, et analyses fines et éclairantes sur l’une des œuvres les plus importantes de la littérature mondiale. 

La Recherche est une œuvre inépuisable. D’ailleurs, nos contemporains s’acharnent à essayer d’en analyser toutes les facettes avec des approches tantôt thématiques, tantôt personnelles (comme celle de Laure Murat avec son Proust, roman familial, paru en 2023). Et nous, lecteurs passionnés, nous continuons à les lire pour mieux saisir, paragraphe après paragraphe, le texte d’une vie. 

Dans son récit, Catherine Cusset participe à l’entreprise nationale en explorant les trois thèmes principaux de la Recherche : 

« J’ai lu trois fois À la recherche du temps perdu en entier : 

à quinze ans, comme le grand roman de l’amour ;

à vingt ans, comme le grand roman de la société ; 

à cinquante ans, comme le grand roman de l’écriture. » 

Certes, il s’agit d’une approche plutôt classique de l’œuvre de Proust, mais grâce à ce récit intime et à sa vision personnelle, Catherine Cusset propose un livre aussi bien pour les initiés que pour les profanes. Pour ces derniers, il s’agit d’ailleurs d’une excellente façon d’entrer dans la Recherche. Il y a de nombreux extraits, des éléments de contexte et une grille de lecture pour mieux comprendre certains passages majeurs. Catherine Cusset nous donne une envie folle de plonger ou replonger dans l’univers feutré et plein d’ironie de Proust. 

“Dans une époque manichéenne, il faut lire Catherine Cusset et Marcel Proust pour comprendre la dualité des êtres, le doute, et le cheminement d’une idée.”

Proust antisémite ?

En mêlant sa vie personnelle à celle des personnages de la Recherche, l’autrice propose également des réflexions sur notre époque, prouvant une fois de plus à quel point Marcel Proust a été capable d’écrire sur l’existence de chacun. 

« La lecture de Proust est une leçon de vie. Il ne formule pas de jugement explicite, mais son ironie contient un jugement implicite par lequel je me sens visée et démasquée. En le lisant, je reconnais mes travers. »

L’intérêt de ce texte réside aussi dans sa capacité à aborder avec recul et intelligence deux thèmes sensibles de la Recherche, à savoir ceux de l’homosexualité et de ...