Jusqu’au 3 Août, le Grand Palais accueille une exposition block-buster ayant déjà réuni 1,5 million de spectateurs à travers le monde et rendant hommage à l’enfant terrible de la mode, Jean Paul Gaultier.
Jean Paul Gaultier a fait défiler pour la première fois ses mannequins au Palais de la Découverte au début des années 1970, ils sont aujourd’hui exposés au rang d’oeuvres à deux pas de là, dans l’écrin qu’offre le Grand Palais. Entrant dans la volonté de l’institution de s’ouvrir aux différents médias artistiques et à un art plus contemporain et global, cette exposition retrace la carrière d’un couturier avant-gardiste, prônant la tolérance par l’impertinence.
« L’enfant terrible »
Alors que Schiaparelli et Saint-Laurent mélangeaient à la perfection haute couture et « haute culture », Jean Paul Gaultier fait se côtoyer couture, matière noble avec street art, culture et contre culture. A l’image de sa mode qu’il veut être adoptable par tous, sans distinctions de genre, sexualité, taille, couleur de peau. Il fait passer le message au travers de créations impertinentes et rebelles, dans l’air du temps, allant jusqu’à flirter avec le punk des années 80. Ses égéries ne sont pas toutes des mannequins, revendiquant le droit à la différence, il invite aussi bien Nabilla que Conchita Wurst, des jeunes filles de 20 ans que des grand-mères à défiler sur son runway.
Le discours parait séduisant et le personnage on ne peut plus sympathique, on ne peut qu’aimer un couturier voulant faire passer un message fort de tolérance à travers une chose aussi futile qu’un vêtement, on ne peut pas non plus haïr la rébellion et la provocation qu’il distille dans chacune de ses oeuvres. Et j’applaudis le Grand Palais pour sa toute fraîche ouverture d’esprit considérant enfin que la mode est un art à part entière, alors que le Musée des Arts Décoratifs et le Palais Galliera n’en pensent pas moins depuis plus de 50 ans.
Exhaustivité « clichée »
Jean Paul Gaultier, ayant participé à l’élaboration de l’étape parisienne de l’exposition itinérante, a voulu la concevoir comme une oeuvre à part entière. Même si le cheminement à travers les salles à un sens, que la reproduction d’un défilé dans la deuxième salle est agréable, les visages de certains mannequins animés par des projections vidéos restent d’un kitsch (presque) inutile.
Les visages de certains mannequins animés par des projections vidéos restent d’un kitsch (presque) inutile.
L’exposition de photographies issues de magazines de mode faisant la promotion de ses créations ou encore la présence des costumes de scène qu’il a pu créer aussi bien pour les oeuvres de danse contemporaine d’Angelin Prejlocaj que les spectacles de la pop star Mylène Farmer participent à l’exhaustivité de cette exposition quant à l’étendue du génie de Jean Paul Gaultier, représentant parfaitement son hyper-activité créative et rebelle.
Cependant un aspect reste regrettable mais il ne relève que de la subjectivité de votre chroniqueur. Bien qu’il soit primordial de présenter les pièces maîtresses, les plus connues de l’oeuvre de Jean Paul Gaultier, il est dommage qu’elles soient les uniques créations présentées. Alors même que d’autres plus subtiles dans le style mériteraient toute notre attention.
- Exposition Jean Paul Gaultier au Grand Palais jusqu’au 3 Août 2015.
Cassandre Morelle