Camisole de force
Usant d’un ratio désormais inhabituel (le 1,33 originel du cinéma muet), Rosemary Myers place son héroïne dans des décors trop petits, engoncée dans sa chambre puis bordée dans son lit comme dans une camisole de force – jolie manière, bien qu’un peu littérale, de dire son mal-être et son besoin d’espace. La bascule s’effectue alors sans trop de surprise durant la soirée d’anniversaire que les parents de Greta lui organisent, croyant lui faire plaisir. C’est aussi là où le film échoue totalement à mettre son imaginaire de conte de fées en mouvement. Calqué sur celui de la belle au bois dormant (auquel le titre original, Girl Asleep, fait référence), l’éveil à l’âge adulte passe par un sommeil où l’inconscient se déchaîne et dans lequel Greta se rend dans une étrange forêt jouxtant sa maison-cocon. Lieu des fantasmes et du surnaturel, les figures parentales, autrefois rassurantes, y prennent une tournure cauchemardesque : le père trop protecteur devient un monstre repoussant, la mère une reine des glaces inquiétante, etc..
Ouvertement revendiquées et appliquées de manière très scolaire, les thèses psychanalytiques de Bruno Bettelheim exposent les mécanismes de l’imaginaire de l’adolescente en devenir et ce faisant, les privent d’une grande partie de leur mystère et de leur beauté.
Problème majeur : ouvertement revendiquées et appliquées de manière très scolaire, les thèses psychanalytiques de Bruno Bettelheim exposent les mécanismes de l’imaginaire de l’adolescente en devenir et ce faisant, les privent d’une grande partie de leur mystère et de leur beauté. Toute la violence et la perversion d’un pays imaginaire qui s’écroule est donc largement tenue à bonne distance et ne semble pas avoir transformé Greta outre mesure, qui s’en retourne, dans un autre costume, continuer sa soirée, comme si de rien n’était. Une conclusion un peu trop sage, à l’image de son personnage.