Illustration par Julia Reynaud
Il est de bon ton d’affirmer, aujourd’hui, que la littérature appartient au passé. Nous n’aurions plus de grands écrivains, ni de penseurs majeurs.
Cette grande enquête que nous lançons sur la littérature contemporaine affirme précisément l’inverse.
Notre littérature contemporaine est riche d’œuvres denses, profondes, radicales, en prise avec les enjeux de notre temps. D’Annie Ernaux à Michel Houellebecq, de François Bégaudeau à Emmanuel Ruben, la littérature contemporaine ne cesse de questionner, avec pertinence et acuité, notre époque en pleine mutation.
Ainsi, les romans d’Alain Damasio témoignent de la désagrégation des liens sociaux dans le système libéral. Emmanuel Ruben, dans ses « récits d’arpentage », et notamment dans son roman La Ligne des glaces, diagnostique la « suissification du monde », c’est-à-dire son racornissement intérieur. Yannick Haenel, de son côté, oppose littérature et communication : la communication planétaire serait en train de nous empêcher d’être seuls, et cette impossibilité modifie en profondeur notre civilisation.
La littérature est ainsi un formidable outil pour saisir les enjeux de notre époque, comme l’affirme François Bégaudeau dans le grand entretien qu’il nous a accordé : en décrivant les ambivalences et les alternances de notre existence, le roman permet de restituer toute la complexité des situations politiques, humaines et sociales que nous traversons, et ainsi d’éviter toute univocité idéologique.
Dans ce grand dossier, nous vous proposons donc à une traversée joyeuse et vivante de la littérature contemporaine. À travers dix portraits d’écrivains contemporains, nous vous invitons à vous questionner sur notre monde.
François Bégaudeau : la religion du réel
Annie Ernaux : la vie au microscope
Michel Houellebecq : le monde comme supermarché
Alain Damasio : la révolte par le rythme
Yannick Haenel : politique du désir
Pierre Michon : pour une écriture de la présence
Emmanuel Ruben : mesurer l’Europe
François Beaune : portraits d’aujourd’hui
Hélène Cixous : l’écriture comme archéologie
Patrice Jean : la littérature comme voix de la vie intérieure