Une bande d’adolescents qui découvrent la vie, en même temps que les mystères qui planent sur leur petite ville de province, il n’y a pas de doute : Jean-Baptiste Del Amo s’empare du thriller fantastique, suivant les codes du «King Stephen». Mais l’auteur y ajoute la complexité de relations intimes, familiales et amoureuses, sur fond d’un contexte social, rural et spécifiquement français.

Année 90, Saint-Auch, en périphérie de Toulouse. Max, Alex, Tom, Mehdi, Léna vivent une vie ordinaire d’adolescents en province. Petit hic, une maison abandonnée exerce sur chacun des membres de la bande des cinq un étrange pouvoir d’attraction… jusqu’à ce qu’un de leurs camarades ne s’y suicide. 

Véritable témoignage d’amour au cinéma d’horreur des années 90 et à la pop culture, on verrait bien La Nuit ravagée connaître la même disposition à être adapté sur grand écran que Ça ou Carrie. Hémoglobine et maison hantée, les images qui nous viennent à l’esprit à sa lecture jaillissent des films d’horreurs que l’on a vu, aussi maigre notre bagage soit-il, car ce sont toujours des images qui marquent… Une écriture visuelle qui se justifie : Jean-Baptiste del Amo s’essaye au cinéma, et remporte un prix à Cannes en 2018 pour son court-métrage Demain il fera beau. Un peu comme Animale, sorti en novembre dernier, une adaptation de La Nuit ravagée mêlerait judicieusement deux des grandes tendances du cinéma français de ces deux dernières années, d’une part le renouveau des films de genre, à l’instar du très médiatisé Règne Animal, d’autre part le récit d’une jeunesse rurale de campagne désillusionnée, comme le génial Vingt Dieux.

Addictif, effrayant et émouvant, La Nuit ravagée est mélange risqué d’éléments qui finalement se combinent à merveille.

Actuellement, les aventures d’adolescents qui grandissent à la province ont bon dos, Leurs enfants après eux en reste un parfait exemple. Pas de doute, Jean-Baptiste Del Amo, avec tous ses prix en poche, a su flairer le filon. Une jeunesse désenchantée, en marge de la métropole, qui ne trouve rien de plus productif à faire que se lancer dans un « urbex » plus que douteux ? Le genre flirte avec un certain misérabilisme vis-à-vis de la province, dans lequel toutes les productions récentes tentent périlleusement de ne pas sombrer. Tout autant funambule, La Nuit Ravagée maintient l’équilibre, grâce à un point fort original : la veine fantastique. C’est parce que la maison est isolée que l’impression de huis clos se renforce et que l’horreur opère. Le lecteur le ressent, il n’y a pas d’échappatoire. La campagne est l’apanage des aventures les plus frissonnantes. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’est bonne que pour le glauque et l’isolement.

L’art de ne pas choisir entre horreur et « coming of age »

Non, La Nuit ravagée n’est pas pour les g...