Près d’une décennie après Petit Paysan, le duo de cinéastes Hubert Charuel et Claude Le Pape quittent le registre dramatique mais non les espaces ruraux, avec Météors, un film éclectique mêlant comédie, buddy movie, chronique sociale et même quelques touches de science-fiction. Malgré quelques facilités scénaristiques et une ambition trop débordante, ce mélange des genres et des tons fait mouche.

Trois potes, un bowling désert d’un village de Haute-Marne. Blagues qui fusent, verres qui descendent, joints qui fument. Puis une rocambolesque virée en voiture qui tourne au kidnapping de chat maine coon. Pour quiconque a en tête le précédent film d’Hubert Charuel et Claude Le Pape, Petit Paysan (2017), cette entrée en matière burlesque déstabilise, mais séduit. Dans Météors, le duo opère un changement de registre drastique, refusant d’être enfermé dans le drame réaliste sur la campagne. En effet, c’est avec une fraîcheur comique bienvenue, pas si loin de Vingt Dieux de Louise Courvoisier, que nous découvrons un duo de bras cassés, Mika (Paul Kircher) et Dan (Idir Azougli), jamais à court de plans foireux pour tromper l’ennui. Le dernier en date – capturer le chat de luxe d’un voisin donc – les mène tout droit devant le juge. Ils ont six mois pour changer de vie, abandonner l’alcool et la weed, se trouver un travail. Embauchés par leur pote Tony (Salif Cissé) sur un chantier d’enfouissement de déchets nucléaires, les deux larrons luttent contre leurs démons, et se retournent l’un contre l’autre.
Diagonale du weed
L’attachement qu’on peut éprouver pour ces trois lascars repose essentiellement sur le charme de leurs interprètes, dont on perçoit l’alchimie hors écran. A la présence rassurante de Salif Cissé, voix posée, mouvements lents et regards francs, s’oppose l’électron libre Idir Azougli, s’échappant des plans, virevoltant comme un feu follet, dont les errances et les tentations autodestructrices se trahissent déjà dans sa voix éraillée, à la limite du cri. Entre ces deux pôles contraires, Paul Kircher ramène sa silhouette fluette et fragile, mais peine davantage à convaincre dans les scènes dramatiques pour cause de dialogues plus récités qu’incarnés, souvent à contre-temps. Qu’importe, on croit à ces trois-là, à leur désir profond de se barrer d’un Grand Est morose. Le directeur photo Jacques Girault, déjà présent sur le premier court d’Hubert Charue...