Dans le documentaire My Stolen Planet, la réalisatrice iranienne Farahnaz Sharifi, désormais exilée en Allemagne par crainte d’être emprisonnée par le régime, dresse un auto-portrait intimiste et politique de sa vie et de celle de milliers de femmes en Iran. Elle signe là un film dont la mélancolie et le dépit n’a que d’égal que sa force politique.

Des pieds qui tapent le sol en rythme, des femmes qui dansent librement et rient, sous le portrait de l’ayatollah Khomeini, rapidement accroché au mur pour flatter la police qui menace d’arriver… La galaxie de Farahnaz Sharifi est faite de planètes aux énergies contradictoires : la première où l’on danse et l’on rit, la seconde où règnent en maîtres l’ayatollah et ses lois coercitives ; où les corps des femmes sont cachés sous de grands voiles noirs et où un pas de danse est passible de prison. 

Dans My Stolen Planet, la cinéaste iranienne retrace ainsi sur un mode documentaire, proche du journal intime (du scrapbook), sa propre histoire. Son récit, qu’elle commence à sa naissance – elle est née en 1979, soit seulement quelques semaines après la révolution qui a porté au pouvoir Khomeini – et qui se poursuit jusqu’en 2022 mêle habilement compte-rendu d’une histoire révolutionnaire et points nodaux de l’histoire de l’Iran, et participe ainsi à la création d’un contre-récit politique, qui met en valeur la sphère domestique comme un espace de liberté, d’invention et de révolution. 

My Stolen Planet apparaît comme une étoile particulière, de par sa nature documentaire, mettant en avant une expérience intime féminine, pierre angulaire de la révolte iranienne.”

La loi du big bang

Comment raconter l’irracontable ? Comment faire le récit de sa vie alors même que les instances poli...