Ça y est. Vous avez bouclé votre dernier dossier, vous avez envoyé votre dernier mail, vous avez terminé d’emballer vos cadeaux. Votre train part demain. Vous allez bientôt retrouver votre famille pour Noël. Votre valise est quasiment prête, mais vous hésitez encore sur le livre à emporter avec vous.
Ça tombe bien, Zone Critique vous propose 4 livres pour traverser en toute quiétude les fêtes de fin d’année.
1 Pour célébrer l’amour : L’amour de François Bégaudeau
Il s’appelle Jacques, elle s’appelle Jeanne. L’amour, c’est 50 ans de la vie d’un couple, en 90 pages. La vie du quotidien, des soirées Bingo, des week-ends chez Monsieur Meuble, et des anniversaires au Palais des Sports. L’existence ordinaire, telle qu’elle est vécue par la plupart des gens, la plupart du temps. Sans heurts ni fracas. Sans remous. L’amour, c’est le roman du temps qui coule.
Réussir un roman d’amour n’est pas chose aisée. François Bégaudeau y parvient admirablement dans ce bref roman sur le couple, qui est d’abord un roman sur le temps.
C’est rare, et c’est bouleversant.
Ce qu’en dit François ? “La première fois que Jeanne voit Pietro, c’est au gymnase où sa mère fait le ménage.”
2 Pour fuir les interminables fêtes de famille : Tokyo Vice de Jake Adelstein
Jake a 19 ans. Il est jeune, américain, et un peu fou. En 1988, il s’envole de son Missouri natal et débarque à Tokyo. Il apprend le japonais. C’est un journaliste né, qui sera dans une autre vie détective. Il délaisse d’ailleurs vite ses études, et devient en 1993 le premier occidental à intégrer le Yomiuri Shinbun, le quotidien le plus lu au monde.
Jake commence par couvrir des petits larcins dans la banlieue de Tokyo, des vols de sac, des ventes à la sauvette. Mais il s’ennuie. En fait, ce qui l’intéresse vraiment, c’est les yakuzas.
Dans Tokyo Vice, Jake nous raconte son apprentissage des codes de la société japonaise, ses premiers reportages, et ses enquêtes sur le crime organisé, la prostitution dans le quartier de Kabukicho, et le blanchiment d’argent. Ses enquêtes vont lui valoir une célébrité mondiale, et des menaces de Tadamasa Goto, le parrain d’une des branches de la plus grande organisation criminelle japonaise, le Yamaguchi-gumi.
Tokyo Vice est un livre cru, intense, brut, féroce, et addictif. Un livre culte, qui vous fait découvrir Tokyo par ses bas-fonds.
Ce qu’en dit Jake ? “C’est ça la vie d’un yakuza. Tu fumes, où tu veux, quand tu veux. Le monde entier est ton cendrier.”
Et si l’univer des Yakuzas vous intéresse, on vous recommande également le très beau film Sonatine de Takeshi Kitano :
3 Pour habiter poétiquement votre réveillon : Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
On est à la fin de l’automne 1902. Franz Kappus vient d’avoir 20 ans. Il commence une carrière militaire qu’il pressent contraire à ses aspirations. C’est que Franz veut devenir poète. D’ailleurs, dans le parc de son académie militaire, sous de vieux châtaigniers, il ouvre un volume : Poèmes de Rainer Maria Rilke.
Le choc est immédiat. Il décide d’envoyer ses essais poétiques à l’écrivain. Des semaines s’écoulent avant qu’il ne reçoive une première lettre de Rilke. Au total, il en recevra dix. Dix lettres, qui sont autant de méditations sur la solitude, l’amour, et l’acte créateur.
Dix méditations poétiques d’une puissance, d’une simplicité et d’une beauté inouïe.
Ce qu’en dit Franz Kappus ? “Quand un prince va parler, on doit faire silence.”
4 Pour redécouvrir Britney Spears : Pour Britney de Louise Chennevière
Il était une fois une jeune et jolie fille qui passait des heures devant son miroir à jouer au karaoké sur du Britney Spears. Il était une fois une jeune et jolie fille qui jouait à être Britney Spears.
Et puis, cette jeune fille grandit, se politise, et se détourne de la chanteuse : elle se met même à la mépriser. Mais en 2022, à 30 ans, la jeunne fille devenue femme découvre les mémoires de la popstar, La femme en moi, et prend conscience de la violence que la société a fait subir à la chanteuse.
Dans une langue incandescente, écrite comme une seule phrase, Louise Chennevière nous fait sentir jusque dans notre chair la violence du patriarcat, et cette “injonction informulée inscrite au plus profond de la chair des femmes”, qui les contraint à vivre pour le désir masculin.
Un récit intense et viscéral, brutal comme un coup de poing ou comme un cri de rage.
Vous ne chanterez plus les morceaux de Britney Spears de la même manière.
Ce qu’en dit Britney ? “Chanter me permettait d’accéder au divin”