Qui n’a jamais éprouvé une solitude existentielle à la nuit tombée ? Plus rares, peut-être, sont ceux qui accompagnent et prolongent leur angoisse avec un verre de rouge. Plus rares encore sont celles qui mêlent l’ivresse de la solitude au désespoir nocturne et amoureux. C’est pourtant cette expérience que nous sommes amenés à vivre en lisant La Favorite de Sara Bourre, publié ce mois d’octobre dans la collection Vrilles.
Ce récit nous entraîne dans un monde peuplé d’ombres et de silence où la poésie sert de digue à l’étourdissement et à la folie. À travers une langue envoûtante qui emprunte aussi bien au Perec d’Un homme qui dort qu’aux textes les plus saisissants de Duras, Sara Bourre explore la mécanique du désir et du manque.
“Cinq verres plus loin, tu n’en as pas fini de hurler au-dedans. Tu vas aux toilettes noyer dans l’eau forte l’odeur de la nuit, le cran d’arrêt dans ta gorge, les cadavres dissimulés dans ta poitrine. En revenant, tu t’arrêtes au comptoir pour passer commande. Tu joues le jeu. Tu échanges des regards noirs et roses avec les hommes du bar.”
La spirale à la fois destructrice et libératrice qui se situe au cœur de La Favorite témoigne aussi bien de notre soif d’absolu que de notre besoin de consolation. Comme pour chaque volume de la collection Vrilles, nous espérons que ce texte sensible et incarné saura aiguiser votre regard sur le monde.
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Sara Bourre est née à Paris. Elle a étudié les lettres modernes et la philosophie à La Sorbonne, et s’est formée en parallèle au théâtre et à la danse-théâtre. Son premier roman, Maman la nuit (Noir sur Blanc) a été publié en 2023.
