Zone Critique poursuit sa série consacrée aux parodies littéraires en offrant à ses lecteurs, en ce lundi de Pentecôte, deux poèmes de l’auteur de Sagesse, tirés de son recueil inédit Urgences sans paroles.
Ariette essoufflée
Par-delà ces murs tremblotants,
Le soleil quelquefois s’éveille.
Il trébuche et vient sanglotant
Butiner mon cou. Tendre abeille !
Par-delà ces grands carreaux blancs
J’entends la ville et m’émerveille :
La vie réapprend lentement
Son chant qui perce mon oreille.
Tout rit, tout rouvre et tout rayonne
À grands bruits les cœurs carillonnent.
Chacun se tait autour de moi.
Je reste coite en ma clinique,
Agitée par le froid parfois
Des ouragans cytokiniques.
Covid long
Vie terne éternelle et sans saveur
L’hiver en moi se creuse. Est blottie
Vers mon thorax une vaine envie,
Un souvenir me laisse rêveur.
Blessé tout doux comme un bruit de vague,
Six mois passés sans passer ma toux,
Six mois bercés par le rythme mou
Du roulis. Pauvre cerveau divague.
Achrome est mon âme et les arômes
Fuient tel que vous fuîtes. Persistant.
Je reste triste et irrésistant !
N’ayant de vous plus que les symptômes.
Quand reviendront mes joies et mes goûts ?
Je souffre et me sens bien mièvre
Danse encor dans mon ventre la fièvre,
L’inoubliable valse avec vous.
Étienne De L’Estoile