Le rap est devenu le genre musical le plus écouté en France. Le streaming entérine ce triomphe, et les rappeurs remplissent les stades. Ce succès n’est pas soudain mais progressif. Dans les années 1990, le rap devient l’expression culturelle des banlieues françaises grâce à des figures aussi explosives que NTM ou IAM. Assez rapidement, le rap sort des marges pour devenir commercial. Dans son essai, Penser le rap, Kévin Boucaud-Victoire évoque ce paradoxe assez éloquent : « Se présentant souvent volontiers comme “antisystèmes”, les rappeurs sont le fruit de la société de consommation. ». Les rappeurs façonnent notre société, ils créent des tendances, et mettent en avant un certain art de vivre.
Au-delà de ces considérations économiques, nous avons voulu nous pencher sur la manière dont s’écrit un texte de rap, et surtout la manière dont les rappeurs eux-mêmes envisagent leur manière d’écrire. Comment se positionnent-ils face à la culture légitime ? Quels sont les procédés stylistiques en vogue chez les rappeurs ? Et quelles sont les nouvelles tendances ?
Ce dossier n’entend pas être exhaustif mais plutôt explorer ces pistes à travers une série d’entretiens et d’articles.
Nous avons d’abord tenu à rencontrer Mahir Guven qui dirige le Label La Grenade et qui évoque justement la manière dont le rap influence la littérature.
Nous avons eu la chance de rencontrer HIBA, un jeune groupe strasbourgeois dont les E.P sont remarquables et qui possèdent une réflexivité surprenante.
Netflix a lancé une série qui se propose de faire émerger des jeunes talents rap – signe de la victoire du genre. Cet entretien avec Leys est aussi l’occasion de faire entendre une nouvelle voix qui est amenée à compter.
Émilie Victor Ollivier nous propose une belle lecture de À l’ammoniaque de Bettina Ghio qui interroge justement les références littéraires en usage chez les rappeurs.
Pour faire ce dossier, il fallait rencontrer Fif Tobossi, le fondateur de Booska-P qui nous a permis d’avoir un regard plus profond sur l’histoire du rap français.
Jeanne Jacob déclare son amour à SCH.
Alice Hendschel revient sur la question féminisme dans le rap américain, et notamment à travers la figure de Cardi B.
Zoé Foucher présente la nouvelle génération d’artistes marocains qui sont prêts à débarquer dans nos charts.
Lucie Sol explore la relation ambivalente des rappeurs à la culture dite légitime, et notamment à la poésie.
Pauline de Toffoli a rencontré Lémofil, un rappeur qui assume sa sensibilité et qui explore sa part poétique.
Retrouvez également une version écrite de ce même entretien :
Marie Salloum propose une réflexion qui inscrit les rappeurs dans la ligne des grands rhétoriqueurs, c’est-à-dire des poètes médiévaux.
Pour Zone Critique, Nicolas Krastev-Mckinnon évoque la figure d’Orelsan et la poétique qu’il met en place.