Chaque année tout le monde me dit que je dois faire un break qu’il faut couper avant de revenir dans la rentrée, la densité des choses à faire, le monde qui s’est remis à marcher dans son absurdité. Mais moi je ne sais absolument pas le faire je travaille le jour travaille la nuit travaille en dormant en marchant le travail c’est ma raison d’être ce que mes parents m’ont toujours appris le meilleur moyen de s’occuper. Le matin quand je me lève vers 6h c’est l’ordinateur et le café et puis les mails les listes les devis les budgets les projets les manuscrits heureusement mon métier est sympa – un exotisme, je suis artiste.
Une fois j’ai fait un break je suis partie avec ma peau avec mes veines mes insomnies mes doutes avec mes maladies mes hypocondries (je n’ai pas d’enfant ni mari). Mon corps en break mes jambes en break mon cerveau ma pensée ma langue ma bouche j’ai eu peur que tout ça fasse n’importe quoi, peur de ne plus jamais pouvoir penser aux mille trucs à faire, de ne plus pouvoir travailler et dormir en même temps travailler et nager travailler et courir travailler et dire bonjour à des gens travailler et s’habiller travailler et parler travailler et écrire travailler travailler travailler j’avais peur de ne plus jamais pouvoir revenir.
Victor m’a demandé d’écrire un texte pour le dossier faire un break mais je n’y arrive pas parce que je devrais être en train de faire un break et chaque année c’est la même chose mon agenda est rempli une to do list qui s’étale et impossible de prendre ce break que je devrais prendre depuis des années maintenant pour parvenir à me reposer à être une femme reposée solaire une femme qui. Une femme qui prend soin d’elle, une femme reposée, une femme qui ne sera pas burnoutée dès le mois d’octobre, une femme qui va aller faire un break quelque part dans un endroit vert au milieu de l’été.
Je vous écris du break que je ne suis pas arrivée à prendre. Les vacances à la maison (on fait semblant). Je n’ai rien à dire sur le break je n’y vais jamais. Non je ne ferai pas de break je ne veux pas lais...