Golshifteh Farahani et Korkmaz Arslan dans My sweet peper land de Hiner Saleem

Avec son nouveau film My sweet peper land, le réalisateur kurde Hiner Saleem rejoue la balade du « Poor lonesome cow-boy » en quête de justice dans les montagnes reculées de son pays.

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9 avril 2014

Un décor majestueux, un village perdu, un shérif fumeur, la lutte contre les trafics, la quête de justice, des chevaux et du sang… Tous les codes traditionnels du western sont réunis dans My sweet peper land. Sauf que Hiner Saleem l’a pimenté à la sauce kurde. Ici, les mitraillettes ont remplacé les six-coups et l’on ne boit pas d’alcool au saloon.

Le film se déroule au Kurdistan irakien après la chute du régime de Saddam Hussein. A l’issue de plusieurs années de guérilla la minorité kurde obtient une quasi-autonomie vis-à-vis de Bagdad. Le nouveau pouvoir en place, déjà gangrené par la corruption, veut faire respecter ses nouvelles lois : « Il n’y a pas de justice sans sécurité. Et il n’y a pas de justice et de sécurité sans châtiment. »

Baran, combattant anti-Saddam depuis son adolescence, est donc envoyé comme représentant de l’ordre aux confins du Kurdistan, à la frontière de l’Irak, de l’Iran et de la Turquie. La tête froide bien calée sous son chapeau, il défend la morale des « lois écrites » contre l’archaïsme des « lois ancestrales » dictées par le seigneur de la région, Aziz Aga. Notre shérif moderne va unir son combat à celui de Govend, jeune institutrice qui souffre de son double-statut de femme travailleuse et célibataire.

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Les hommes d’Aziz Aga, trafiquants de médicaments périmés sans frontière.

Hiner Saleem s’échine donc à mettre en lumière deux résistants unis dans leur combat pour l’émancipation et l’intégrité. « Ces deux insoumis incarnent, à mes yeux, l’avenir du Kurdistan » explique-t-il. « Ce ne sont pas des révolutionnaires mais des réformistes attachés à la laïcité qui refusent les archaïsmes sans rejeter toute forme de tradition. »

« Je ne peux pas laisser le pays aux pourris ! » déclame Baran. Pourtant, dans sa quête de justice, il applique parfois d’avantage sa morale personnelle plutôt que les lois récentes auxquelles il est censé obéir. Ces contradictions et son humour rendent le cow-boy attachant et très sympathique.

La musique colore l’ambiance, entre rock américain et rythmes traditionnels envoutants

Malgré son côté manichéen, My sweet peper land est un film engagé et parfaitement dosé entre humour noir, scènes burlesques, suspense et drames. La musique colore l’ambiance, entre rock américain et rythmes traditionnels envoutants. Hiner Saleem magnifie ses deux comédiens principaux en jouant des lumières crépusculaires qui baignent les montagnes décharnées du Kurdistan.

  • My sweet peper land, Hiner Saleem avec Golshifteh Farahani, Korkmaz Arslan…
  • La bande-annonce ici.

Lola Cloutour