Pour échapper au surtourisme qui s’empare de Paris à la belle saison, j’aime m’exiler dans les salles des cinémas indépendants. Mes lieux de vacances alternatifs proposent diverses aventures filmiques : destinations plus ou moins prisées, découvertes de contrées lointaines, voire de zones en marge… Mais dans ce vaste programme où tout semble alléchant, que choisir ?

Enfin les vacances ! J’ai les cinémas de la capitale presque pour moi toute seule. Prête à embarquer pour de nombreux voyages passionnants en solo, depuis mon siège. Les touristes courent vers les musées, les Parisiens délaissent les salles, pourtant fraîches, et leur préfèrent les terrasses et les parcs ensoleillés. Je les rejoindrai plus tard, après mon voyage du jour. Quelques arrêts de RER plus loin et après avoir fouillé AlloCiné, l’agence de voyage des cinéphiles, me voilà partie pour mon grand tour des vacances. Entre les plages bondées mais festives, et les coins reculés et mystérieux, j’hésite encore…

The places to be

Si je devais miser sur la destination immanquable de l’été, ce serait celle-là. Cette année, le Santorin prisé de tous sera sûrement Yi Yi d’Edward Yang, magnifique fresque familiale susceptible de plaire à un grand nombre de voyageurs, en quête de contrées dépaysantes mais accessibles. Tout le monde se l’arrache : le MK2 Beaubourg, l’Arlequin, les 5 Caumartin, le Louxor… Mais, ayant eu le bonheur de bachoter deux ans de suite le cinéma taïwanais, je passe mon chemin cet été, et me dirige vers le temple de la cinéphilie parisienne : la Cinémathèque. 

Me voilà rue de Bercy, devant ce bâtiment étrange, aux formes géométriques défiant toute logique. Je jette un œil aux programmes. Visiblement, la Cinémathèque compte attirer en masse cet été, avec des destinations populaires et attrayantes. Je repère SOS Fantômes et Lawrence d’Arabie. Vus enfant sur le petit écran familial, ces films correspondent-ils toujours à mes souvenirs nostalgiques ? J’y répondrai une autre fois ; mes yeux s’attardent sur le cycle d’animation nippone. Hélas, le Japon est victime du surtourisme cet été : les séances et réservations sont complètes. J’en paye les frais, il n’y a plus de coin de sable disponible pour rêvasser devant Millenium Actress de Satoshi Kon. La prochaine fois, je poserai ma serviette le matin même.

Je persévère, et me dirige vers un autre lieu touristique qui fait le plein, la Filmothèque, alias le Saint-Tropez parisien. Toujours les mêmes activités au programme (Wong Kar-wai y a son yacht tous les ans), quelques nouveaux venus cependant (la ressortie de French Connection et un cycle de films noirs), mais rien de bien nouveau sous le soleil. C’est aussi pour ça que j’aime la Filmo, charmant cinéma immuable, et ces deux petites salles intimistes, inchangées depuis des décennies : la Marilyn, et ses fauteuils et murs...