Depuis 2018, les Digital Poets envahissent la plus grande plateforme d’images, Instagram, à coup de mots, de poèmes, de citations. En partageant leurs textes, ils créent un nouveau format d’écriture, et en redéfinissent les questionnements et les enjeux. Je suis moi-même une Digital Poet, mais je me suis toujours interrogée sur ce qui nous poussait à partager nos écrits sur les réseaux sociaux. Je suis donc partie à la rencontre de ces plumes nées sur la Toile pour me plonger dans leurs histoires. Maureen Kakou, plus connue sous le nom de  la Poétesse Fia, est mon premier portrait.

La poétesse Fia
La poétesse Fia

Indiana Café.

Denfert Rochereau.

22h.

Une jeune femme vêtue d’un ensemble en velours et d’un béret marche vers la table que j’ai choisie. Même dans sa démarche, elle semble déjà danser au rythme des musiques qu’elle écoute sur son téléphone. 

Je connaissais Maureen Kakou avant même qu’elle ne prenne le nom d’artiste Fia, la poétesse publiée, la musicienne streamée sur Spotify. Nous avons commencé toutes les deux à écrire sur Instagram en 2018 dans une ère où la célèbre plateforme mettait à l’honneur les photographes, les foodies, les fit people. Un monde de l’image où les poètes n’avaient pas leurs places, car si la société lisait moins, pourquoi devrait-on lire sur un réseau social qui promouvait uniquement l’apparence, voire le fantasme d’une vie parfaite tout en filtres et mise en scène ? 

Fia s’installe, nous commandons des cocktails, toujours les mêmes : une piña colada, un mojito. On trinque, et le tintement des deux verres sonne le début de notre échange sur son parcours – des réseaux à la scène littéraire, en passant, maintenant, par la musique. Fia ouvre son compte Instagram en 2018, nommé @lesmotsdefia, qui aujourd’hui comptabilise près de 11 0000 abonnés. Ce dernier regroupait auparavant ses poèmes en vers qu’elle postait régulièrement sur la plateforme. Sa biographie sur le réseau social était d’ailleurs explicite : « Poétesse 2.0 » : « Garder l’élégance du mot ‘Poétesse’ et ajouter ‘2.0’ pour redéfinir la poésie comme une œuvre pouvant se digitaliser, se diffuser via les réseaux sociaux et pas seulement par la publication papier », me dit-elle. Mais, Fia aimait écrire depuis sa plus jeune enfance en Côte d’Ivoire où elle découvre la littérature française qui inspirera son univers : « J’ai toujours été happée par les mots, par la beauté du verbe. »

« Instagram, un espace de créations et de connexions »

Du journal intime en passant par les contes, la jeune Maureen préfère dans un premier temps les histoires de princesses et de fées courageuses aux vers. Ses héroïnes préférées sont issues de la pop culture, comme Mia, le personnage principal de The Princess Diaries écrit par Meg Cabot, ou bien de la littérature fantastique avec Oksa Pollock d’ Anne Plichota et Cendrine Wolf. Mais, au fil de ses lectures, elle s’éprend d’une littérature plus classique qu’elle ne juge pas incompatible avec son amour pour la pop culture : « Dans mon art, je suis inspirée aussi bien par la pop culture que par la poésie hugolienne. Je lisais Les Contemplations, et la beauté du rythme et des vers m’a transcendée. Je reste une femme de mon époque et je ne les trouve pas incompatibles avec celles des grands auteurs des siècles derniers. C’est un tout qui nourrit mes textes. »

Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, René Char, Paul Éluard, ou encore Renée Vivien et Anna de Noailles. Des noms qui résonnent aussi dans le parcours de Fia, car la poésie est l’art littéraire qui se rapproche le plus de la musique : « J’accorde une immense importance aux sonorités. Je définirais mon écriture comme la rencontre entre la poésie et la musique. »

Des arts, comme nous le verrons, qui s’effleurent chez Fia, même si elle ne se doutait pas que sa carrière dans l’écriture, puis dans la musique, se concrétiserait grâce aux réseaux sociaux. En 2018, les écrivains ne représentent pas la cible principale d’Instagram. La plateforme privilégie le travail des images, même si quelques plumes émergent pour partager leurs poèmes : « J’ai toujours été encouragée par mon entourage à écrire et à montrer mes textes. De mon côté, je trouvais cela intéressant de défier les tendances Instagram en apportant des mots sur une plateforme entièrement dédiée à l’image. »

Mais, Instagram reste également une plateforme populaire, là où la littérature reste, pour beaucoup, un art élitiste. On se souvient des débuts de l’art cinématographique, jugé pour le « peuple » alors que la littérature était associée aux penseurs, aux intellectuels, aux poètes. Bien qu’inspirée par la pop culture, Fia souhaitait proposer des textes réfléchis, qui déconstruisent la langue française à coup de jeux de mots, de références recherchées, et même en adoptant les vers par rapport à la prose poétique : « Instagram est un espace de création immense qui permet de nombreuses connexions avec des artistes passionnés, et cela même si les écrivains 2.0 étaient moins présents. Mes textes n’ont pourtant pas été accueillis comme je le pensais car jugés trop élitistes. La technicité assumée de certains d’entre eux a restreint ma communauté. »

Se pose ainsi un dilemme. Pourquoi partage-t-on sur Instagram, si ce n’est pour être lu par de nombreuses personnes ? Courir après les followers n’est pas le but premier de Fia, mais même un écrivain publié cherche à être lu. C’est ainsi qu’elle revoit sa proposition artistique pour l’adapter au public Instagram qui s’avère plus populaire qu’élitiste : « J’écris avec passion, certes, mais je m’oppose à cette vision misérabiliste cultivée par les artistes en général. J’étais révoltée par le fait que les écrivains n’aient pas de valeur financière, et cela même si la culture nous édifie. Je voulais faire de l’écriture mon métier, générer de l’argent. Et pour cela, par logique marketing, je devais revoir les fondements de mon art pour m’adresser à une audience plus grande en écrivant de façon intelligible. Ce que je proposais venait de mes entrailles, mais peu de personnes en comprenaient la profondeur, ça ne parlait pas à tout le monde. Il fallait trouver un équilibre entre ce que j’aime écrire et ce que les abonnés aiment lire. Revoir le format, revoir les thèmes. »

« Le digital poet, un artiste en quête de reconnaissance »

D’ailleurs, les thèmes de l’univers de Fia évoluent avec l’expérience des réseaux sociaux qui représentent une véritable « fabrique » à sujets pour les artistes en tous genres. Si l’amour et la solitude l’inspiraient immensément, la poétesse s’est toujours intéressée aux questions féministes

D’ailleurs, les thèmes de l’univers de Fia évoluent avec l’expérience des réseaux sociaux qui représentent une véritable « fabrique » à sujets pour les artistes en tous genres. Si l’amour et la solitude l’inspiraient immensément, la poétesse s’est toujours intéressée aux questions féministes. Ces dernières ont une importance toute particulière dans son œuvre poétique.

Avec l’émergence du mouvement #MeToo en 2017, le féminisme sur les réseaux sociaux se popularise. De nombreux comptes naissent dénonçant le patriarcat, offrant aux femmes un espace pour s’exprimer sur les violences du quotidien, la charge mentale, la sexualité. Parmi eux, le compte de Julia Pietri, « Gang du Clito », qui gagne en visibilité, si bien qu’elle fonde sa propre maison d’édition féministe Better Call Julia. C’est dans cette mouvance que les textes de Fia, abordant déjà les thèmes majeurs du féminisme, sont remarqués par Julia Pietri qui voit en elle une plume à la fois délicate et percutante, explorant toutes les facettes de la femme.: « Je me suis toujours intéressée à l’amour courtois, à une vision très médiévale de de l’amour.. C’est peut-être en rapport avec mon amour pour les contes. Mais, cela ne m’empêche pas de penser la liberté féminine. Des romans comme Jane Eyre mêlaient romance et indépendance à l’époque. » 

De la guerrière à la déesse, la femme « Fia » puise sa force dans sa sensibilité, et doit embrasser cette puissance de la féminité, de la douceur, de la coquetterie, de la beauté : « J’ai été repérée par Julia sur les réseaux. C’est ainsi que j’ai publié mon premier recueil en 2022 dans sa maison d’édition, ‘Les Mots de Feu. Beaucoup de mes textes publiés sur mon compte se retrouvent dans mon livre. Passer du digital au format papier donne aux écrivains 2.0 le statut d’auteur, ce qui fait que nous avons une certaine reconnaissance. On est invité à des événements, des salons littéraires, on signe des dédicaces, on rencontre nos lecteurs. Tout devient concret. »

Le regard empli d’émotions, Fia marque une pause en sirotant son mojito. 2022 est une année riche, car si son livre est enfin publié, l’artiste ne cesse de se remettre en question. Elle ne se sent pas totalement alignée avec ce qu’elle souhaite produire, et l’écriture seule ne suffit pas à combler l’immense créativité qui l’anime. À la sortie de son livre, Fia décide de ne plus publier de textes sur Instagram invitant ses lecteurs à lire Les Mots de Feu, à la soutenir en achetant son œuvre, affirmant ainsi son statut d’auteure sur une plateforme où le contenu est gratuit : « J’étais arrivée à un stade de ma vie où je ne me considérais plus comme une digital poet, bien au contraire, en devenant une écrivaine publiée, je souhaitais vire de mon art. Une fois le but atteint, il me semblait logique d’attendre un autre regard de ma communauté, de communiquer réellement sur ce que je produisais, de pousser nos échanges et nos réflexions en contrant ce côté aseptisé des discussions qu’on peut avoir sur la plateforme. »

Surtout, cette transition symbolique, bien que rapide, offre à Fia la possibilité de changer de voix, en passant subtilement et progressivement de la poésie à la musique. Une musique qui fait partie de sa vie, car elle porte une attention toute particulière aux sonorités, aux rythmes, aux rimes. 

« Quand la littérature et la musique se rencontrent »

Une autre pause. Fia joue avec la paille dans le verre, la tournant doucement, bouleversée comme si la suite de la conversation la ramenait à cette période artistique à la fois prolifique et difficile : « J’ai toujours été musicienne sans le savoir. Bien avant la publication de mon livre, je déclamais mes poèmes sur scène. J’ai rencontré Edgar Sekloka, notamment, qui a été le premier à m’inviter à faire des scènes avec ses propres musiciens. »

De fil en aiguille, Fia rencontre également l’écrivain et chanteur Gaël Faye, connu pour son livre Petit Pays qui remportera de nombreux prix en 2016. Ce dernier faisait partie, à l’origine, du groupe Milk, Coffee and Sugar avec Edgar Sekloka. Ses textes et ses chansons qui dénoncent le racisme et posent la question de la place de l’artiste dans la société inspirent la jeune femme à développer une pensée plus engagée qui se ressentira dans son œuvre.

Ces connexions entraînent un profond changement artistique dans le cœur de Fia. Elle comprend que le statut d’auteure revient à cet élitisme qu’elle avait tenté de mettre de côté dès ses débuts sur les réseaux sociaux, ce qui rassurait sa famille sur son avenir. La musique, au contraire, apparaît comme une véritable rébellion, une façon anticonformiste d’affirmer la pluralité de son art et de son être. Être chanteuse, c’est aussi travailler les mots, la mélodie, sa propre image, les visuels, l’interprétation. C’est compléter les pièces manquantes et marquantes du puzzle de son âme. Mais, faire un choix si radical à l’aube d’une carrière rêvée, celle d’auteure, est aussi audacieux que complexe. Paradoxalement, sa communauté réagit bien aux nouveaux posts musicaux, où on entend Fia chanter des textes inédits sur un fond musical – le tout n’étant pas enregistré en studio à l’époque. Même son éditrice, Julia Pietri, apprécie la douce voix de l’auteure : « Être digital poet est presque un oxymore. Le poète parle, communique, chante. Il échange avec le monde qui l’entoure. Pourtant, j’ai remarqué qu’en changeant mon contenu et en l’orientant vers la musique, les abonnés communiquaient davantage avec moi. Il y a quelque chose de l’ordre du secret dans l’écriture, où on peut être touché, bouleversé par un texte sans le dire. Garder pour soi les émotions procurées. L’écriture intimide davantage que la musique qui reste un art populaire, générant des discussions. Je ne veux pas poster pour poster. Je veux inviter les abonnés à avoir le courage d’échanger, je veux rencontrer l’humanité. Le but de l’art n’est pas de rester sur des écrans et de mettre des likes. »

« Repenser la place du digital poet dans l’art »

Redéfinir le digital poet, c’est oser en démanteler les objectifs premiers. La visibilité recherchée, les coups de likes, les followers qui augmentent. Se poser dans une course effrénée vers la popularité, souvent d’ailleurs perturbée par l’algorithme qui invisibilise les artistes au moindre contenu problématique. Cela reste toujours un mystère pour certains artistes qui rêvent de « percer » à la manière des collègues influenceurs dont la présence grandissante et écrasante sur les réseaux pose la question de notre place dans ce milieu. Dans ce contexte, Fia s’éloigne de cette définition en incarnant la nature complète de l’artiste qui chante, parle, s’exprime, même visuellement, sans se travestir pour obtenir une notoriété incontrôlable : « Être digital poet, c’est aussi admettre que son art est décrédibilisé en quelque sorte, cela arrive aux influenceurs. Notre reconnaissance est éphémère et menace de s’effondrer face à l’émergence constante de nouveaux contenus qui effacent l’originalité de nos productions. »

 On se souvient notamment du regard critique de Thierry Ardisson, il y a quelques années, sur le travail du Youtubeur Squeezie, qu’il ne considérait d’ailleurs pas comme « un travail », mais du divertissement qui apporte de l’argent facile. En tant qu’artiste, le constat est davantage tranchant. Face à l’imaginaire de l’auteur ascète, qui se bat pour être édité et reconnu, le digital poet apparaît comme tout à fait remplaçable. Les posts s’accumulent, les likes aussi, mais la substance poétique, et même l’odeur d’un livre, la délicatesse d’une page tournée, restent des sensations profondément immuables et gratifiantes pour un auteur.

Face à l’imaginaire de l’auteur ascète, qui se bat pour être édité et reconnu, le digital poet apparaît comme tout à fait remplaçable.

Au niveau musical, Fia puise son inspiration dans des sources diverses : rap, RnB, pop. Ce mélange mène au partage de trois chansons sur les réseaux sociaux, toutes produites de manière indépendante dans un studio où elle choisit les instrumentations, écrit les mélodies et les enregistre : « Your Fairy », « Volupté » et « Sulfureuse ». Cette indépendance lui permet un échange tout particulier avec sa communauté puisque c’est cette dernière qui choisit les titres qui seront ensuite enregistrés en studio : « Le coût d’une séance au studio est élevé, c’est pour cela que je communique avec ma communauté pour savoir exactement ce qui leur plairait. Ça contrebalance aussi ce biais de sympathie, cette fausse proximité avec les followers dues aux relations parasociales qui s’opèrent entre nous. Sur mon compte, les followers ne se contentent pas de commenter, ils participent à mon art, créent un véritable lien avec moi. »

Aspect féerique, références mythologiques, éloge de la femme sacrée et sensible, voluptueuse et virginale, Fia revient aux thèmes qui ont bercé les prémices de son art grâce à la musique. Tout cela s’est imposé naturellement à elle : « J’exprime l’artiste et la femme que je suis : une poésie que j’aime, une vision un peu oulipienne de la langue française, je déconstruis la langue, je joue avec la musique et les mots. Je me reconnecte à la petite Maureen qui ne connaissait rien de la littérature, tout en appréciant les émotions qu’elle lui procurait. »

« Se reconnecter à sa propre sensibilité, proposer du contenu authentique »

Mais, une rencontre change véritablement sa vie. Mélancolique, Fia évoque avec une voix tremblante le rappeur Luv Resval avec qui elle a pu échanger plusieurs mois avant son décès brutal en octobre 2022 à l’âge de 24 ans. Non seulement elle aimait l’artiste à la plume passionnante qu’il était, mais aussi son histoire, sa sensibilité, la force du personnage qu’il incarnait : « Luv est un grand artiste. Il peignait avec ses mots. En l’écoutant, je ressentais des images puissantes qui me traversaient, qui me parlaient. Je rêvais de collaborer avec lui. Le destin en a décidé autrement. Il m’a poussée, d’une manière ou d’une autre, à me reconnecter à ma nature profonde de chanteuse, à la musique qui rythmait déjà ma poésie. Il a réveillé des réflexions qui germaient en moi depuis la publication de mon livre. »

A la mort de Luv Resval, Fia est dévastée. Une partie d’elle rejoint le jeune rappeur, mais une autre s’en émancipe. C’est presque une invitation à recréer son identité artistique, à proposer un contenu plus authentique, qui se démarque de ce qui est diffusé en masse. Ainsi, redéfinir le digital poet comme une matière métisse, capable de se transformer et d’explorer la diversité de son parcours artistique : « J’ai un regard critique sur la digital poetry même si j’ai acquis une notoriété grâce à elle. Certains s’autoproclament poètes sur les réseaux, mais ils ne le sont pas, ils ne travaillent pas le texte. Ils happent l’attention, jouissent du like. Toute la démarche émotionnelle et intime, stylistique et esthétique, de l’artiste en est effacée. »

Quant à sa longévité sur les réseaux, Fia est réaliste. Aujourd’hui, de nombreux écrivains, poètes, romanciers postent chaque jour. L’écriture a sa place sur Instagram, et se consomme tout autant que les images. Bookstagrammeurs, critiques littéraires, journalistes… Écrire n’est plus exceptionnel et fait entièrement partie de la dynamique de consommation des réseaux. Cela n’appartient plus aux plateformes telles que Wattpad ou Fanfictions.net qui permettaient aux auteurs d’écrire et d’être lus en masse. De simples citations génèrent parfois plus de « j’aime » qu’un auteur célèbre et confirmé qui posteraient sur les réseaux pour communiquer sur son art : « Le souci aujourd’hui est l’égalité des chances. Si les réseaux peuvent nous aider à être repérés, ils peuvent aussi faire pencher la balance vers des comptes qui ont beaucoup de followers, mais peu de force littéraire. C’est ce qui noie les vrais écrivains, ceux qui écrivent avec leurs tripes. »

À la question si nous aurons la chance de revoir la Poétesse Fia poster des textes sur les réseaux, la jeune artiste rit. Ce n’est pas prévu, marquant ainsi la fin d’une époque. Mais, Fia souligne cette indépendance qui fait du digital poet un être en perpétuelle évolution. Elle souhaite continuer sa carrière dans la musique de manière indépendante en gardant ses valeurs et en se construisant en tant qu’artiste. 

Les verres se finissent, le bar ferme, Paris ne s’endort pas. Nous nous sommes souvent retrouvées à l’Indiana Café pour discuter des projets, de la littérature, de ces créations et de ses connexions qui existent grâce aux réseaux. Elles n’auraient pas été envisageables il y a encore quelques années, et personne n’aurait pu prévoir que le logo rose d’Instagram aurait une certaine importance dans le parcours d’un artiste. En marchant vers la station de métro avec Fia, je lui demande, sous le ton d’une plaisanterie, si un digital poet aura le Prix Goncourt : « Tu sais, tout est possible. C’est peut-être l’avenir de la littérature, mais l’essentiel est ce retour vers l’âme. Quand on écrit, on chante avec son âme, on n’attire pas des millions de followers, mais on renforce notre voix dans un monde qui hurle et où on ne s’entend plus. »

  • Instagram de La poétesse Fia : @lesmotsdefia
  • Spotify de La poétesse Fia

Entretien réalisé par Manon Lopez

Crédit photo : La poétesse Fia (Photo by Eric Fougere/Corbis via Getty Images)