Soufiane Khaloua est romancier. Il est l’auteur de La Vallée des Lhazars (2023, Agullo), où il raconte un été passé au Maroc entre un père et son fils. Il publie, en cette rentrée littéraire, un nouveau roman, Chasseurs d’été. On y revit, avec délectation, l’enfance puis l’adolescence des années 2000, dans une enquête aussi haletante qu’un thriller. Le décor – une petite province fictive – y est d’un réalisme troublant. Un auteur contemporain qui manie brillamment le suspens et les mots. À suivre de près.

Louisiane C. Dor: Votre roman, Chasseurs d’été (Agullo, août 2025), est à la frontière entre le roman d’apprentissage et le thriller. Des œuvres vous ont-elles inspiré ?
Soufiane Khaloua : Oui ! Pour le thriller, les trois romans de Donna Tartt. Elle instaure souvent une intrigue en sous-texte, une sorte de malaise qui laisse entendre que les lecteur.ices n’ont pas toutes les informations. J’ai aimé faire ça : laisser des fausses pistes et mettre en place une intrigue souterraine et parallèle.
Sinon, une des difficultés dans l’écriture du livre a été d’alterner les rythmes narratifs, avec les scènes et les sommaires, où je raconte de longues périodes en quelques lignes. Pour écrire ces sommaires, je me suis pas mal inspiré des Années, de Annie Ernaux. J’aime beaucoup l’exercice du catalogue : citer plusieurs événements, parfois sans grand rapport les uns avec les autres, pour redonner vie à une époque.
Louisiane C. Dor:D’ailleurs, considérez-vous votre livre comme un roman initiatique ?
Soufiane Khaloua : On peut dire ça oui ! Mais j’aimerais nuancer. Quand on pense roman initiatique, on imagine un départ et une arrivée. J’ai fait ça sur mon premier roman. Là, c’est un roman d’ambiance, un roman sur l’enfance en général, l’idée n’est pas seulement que les personnages deviennent adultes à la fin, mais qu’ils vivent plusieurs expériences de l’enfance, certaines plus heureuses que d’autres. Je pense d’ailleurs que ce n’est pas linéaire, je le précise à un endroit dans le roman : on est parfois bien plus naïf ou puéril quand on est adolescent que quand on est enfant.
“Il faut le temps pour les livres d’être prêts à raconter ce qui reste, et à évacuer ce qui mérite d’être oublié.”
Louisiane C. Dor:Vous êtes certainement l’un des premiers romanciers français à proposer des références des années collège 2005-2008. Était-ce une volonté de réveiller les souvenirs de cette époque ?
Soufiane Khaloua : Oui, j’ai toujours aimé les fictions qui essaient de donner le goût d’une époque, et ça fait un moment que je veux le faire pour celle-ci. C’est une époque que j’ai vue au cinéma, pas encore en roman. J’ai l’impression qu’il faut toujours plus de temps pour le livre, il faut le temps d’être prêts, prêts à raconter ce qui reste, et à évacuer ce qui mérite d’être oublié.
Je ne résiste pas à l’envie de citer deux films de l’époque : on a tous vu <...