
Paru aux éditions Bouclard au début du mois de novembre, Les Watères du château, est le nouveau texte de Guillaume Marie, nouvelle expérience d’écriture et véritable roman, il en détourne les codes, à l’envi parodique et plein d’humour, bourré de références et de clins d’oeil, bref un texte savoureux et déroutant.
Explorant différentes facettes de l’écriture pour nous étourdir toujours un peu plus, Marie prend plaisir à écrire et ça se sent.
C’est que l’automne connaît son lot de surprises littéraires et ces Watères en est une, à n’en pas douter. Construit dans un ensemble composite, le roman de Guillaume Marie emporte le lecteur dans une série d’aventures fantasques. Explorant différentes facettes de l’écriture pour nous étourdir toujours un peu plus, Marie prend plaisir à écrire et ça se sent. Si tout commence par l’évocation du château familial du personnage principal – château qui en filigrane occupera de bien des manières l’esprit et les projets du héros – c’est bien parce qu’on y trouve ces watères, poussiéreux et inaccessibles pour…l’aspirateur : « Après quelques années, j’avais annoncé à la famille que je ne passerais même plus le chiffon ou la balayette dans les watères du quatrième tant que papa n’aurait pas acheté une rallonge. Mais il était du genre à justement ne rien céder au moindre chantage et ma mère s’en fichait. » Une anecdote digne d’une comédie de caractères autour de laquelle se déploie une série d’événements qui interrogent avec force le pouvoir de la fiction et ses potentialités jouissives. Si on suit le personne Guillaume au gré de ses péripéties, chaque chapitre est construit avec une économie propre et thématique, qui s’inscrit à la manière d’un puzzle dans la composition globale qu’est le texte et autorise l’auteur à travailler chaque passage de différentes manières, soit en bousculant la narration, soit en bousculant la typographie, soit l’écriture elle-même.
Mais Guillaume se rêve aussi écrivain, ou philosophe, et là encore se déploie toute l’intelligence fantasque de l’auteur, avec le projet d’une drôle de biographie de Diogène : « Diogène en visite chez sa mère laisse tomber la cruche de vin, Diogène sur la plage tente de vider la mer avec une amphore, Diogène par ci Diogène par là. » Et puis, pourquoi pas un ensemble d’écrits sur les penseurs antiques ! Et Parménide, et Démocrite. Et pourquoi pas un texte versifié, hommage à l’Artamène, cette indigeste prouesse des Scudéry, complètement oubliée mais dont pourtant l’histoire du roman romanesque demeure à quelques égards tributaires. Et ce récit parfois à clefs – celui de Marie – ne nous détrompera pas.
Conte, épopée, roman, un peu de tout cela à la fois, drôle, érotique, fantastique, aux tonalités pluriels donc, Les Watères du château est le nouveau texte de Guillaume Marie, aux éditions Bouclard, un condensé de fantaisie littéraire.