Cette semaine sur Zone Critique, nous poursuivons notre seule obsession : fouiller les œuvres, tendre l’oreille aux voix neuves pour mieux décrypter notre époque. Littérature, cinéma, expositions, créations : tout ce qui nous déplace intérieurement a sa place ici.

Côté littérature, nous plongeons dans un objet rare : la biographie illustrée de Witold Gombrowicz publiée chez Denoël, un livre qui tient autant du portrait érudit que de la traversée sensorielle d’un siècle en secousse. Nous rencontrons aussi Thibaut Daelman, auteur de L’Entroubli au Tripode, pour un entretien qui tient de la confidence comme de la révélation. Nous lisons aussi Sasha Georges avec Physiquement, un livre de corps, de gestes, d’impact, où l’écriture pense comme elle percute, au plus près de la sensation et de l’os.

Au cinéma, nous nous enfermons avec Sergeï Loznitsa dans Deux procureurs, vertige labyrinthique de la terreur stalinienne, où l’on entre mais ne ressort pas. Nous revenons aussi sur Tron Arès, avant de lire Fania Noël qui s’empare du dernier Paul Thomas Anderson et démonte, sans se laisser distraire, l’idée d’un film prétendument “apolitique” quand il concentre pourtant l’extrémisme, la filiation et le chaos comme matière première.

Dans nos sorties, direction le Musée d’Orsay où Marie Robert révèle l’univers intime et fiévreux de Gabrielle Hébert avec l’exposition “Je Photo”. À la fois portraitiste, chroniqueuse du vivant et œil intérieur de la Villa, Gabrielle Hébert documente artistes, pensionnaires, paysages et saisons, livrant le premier proto-reportage de ce phalanstère créatif au moment où se redessinent les liens entre la France et l’Italie. Témoignage rare d’un couple de créateurs, son œuvre inverse les regards : muse et assistante de son mari, le peintre Ernest Hébert, elle fait paradoxalement de lui son sujet central, le capturant sans relâche dans l’intimité comme dans la vie officielle. À leur départ de Rome, elle abandonnera la photographie, ne la réservant plus qu’à l’immortalisation d’Ernest, jusqu’à un dernier voyage en Espagne où son regard s’ouvre à la modernité naissante du cinéma.

Enfin, place aux créations : Claire Griois nous entraîne avec sa valise trop lourde, son départ impossible, sa fuite immobile, dans un texte où la phrase avance comme une survie en mouvement. À ses côtés, une chronique inédite de Nagui Zinet prolonge notre joie de publier ce qui cherche encore sa forme.

D’autres textes, d’autres critiques et d’autres fulgurances vous attendent tout au long de la semaine. Continuez de lire avec nous. Continuez de déborder.