Zone Critique couvre cette année la la 47ᵉ édition du salon du livre de Montréal, et vous propose un panorama de la création contemporaine québécoise, d’Eric Chacour à Sébastien Dulule et d’Audrée Wilhelmy à Kev Lambert.
Invité d’honneur du Festival du livre de Paris en avril dernier, le Québec offre ces derniers mois, en France, un souffle créatif dont notre littérature manque en ce moment. Alors que l’époque est à l’autofiction, il est rare d’identifier une nouvelle voix ou de retrouver cet esprit romanesque des siècles précédents. Ne soyons pas trop nostalgiques, l’autofiction est pourvoyeuse de textes majeurs, mais rares sont nos contemporains à dépasser les formes et les thèmes traditionnels du genre. De l’autre côté de l’Atlantique, la littérature du Québec parvient à mélanger les genres, à tous points de vue, et proposer des romans où la langue et la construction n’ont pas de barrières. De Kev Lambert, à Dominique Fortier, en passant par Éric Chacour, Sébastien Dulude, ou encore Hélène Dorion (première femme vivante dont l’œuvre est étudiée au baccalauréat de français), il se passe quelque chose. Bien sûr, ce mouvement n’est pas inédit, mais il est charnière. Depuis le début des années 2000, des dizaines de maisons d’édition (Le Quartanier, La Peuplade, Mémoire d’Encrier, Héliotrope, Alto…) ont été créées au Québec, favorisant le développement et la diffusion de cette littérature. Pendant la pandémie de Covid, l’Association nationale des éditeurs de livres a par ailleurs lancé une initiative nationale visant à inciter la population à lire local. Depuis le 12 août 2024, les lectrices et lecteurs du Québec sont encouragés à se rendre en librairie pour soutenir leurs autrices et leurs auteurs.
Dans ce contexte, le Salon du livre de Montréal (dont la 47ᵉ édition se tient du 15 novembre au 1ᵉʳ décembre) participe au dynamisme du secteur. Cette année, placée sous le thème de l’espace-temps, les participants et les visiteurs sont invités à « explorer comment les livres et la lecture peuvent transcender les limites du temps et de l’espace et transporter les lecteurs à travers différentes époques et lieux ». Après avoir accueilli environ 87 000 visiteurs l’an dernier, le salon de Montréal, qui propose des événements dans toute la ville, est une étape à ne pas manquer pour découvrir les futurs succès de librairie au Québec, en France et ailleurs. L’an dernier, Peau-de-sang, d’Audrée Wilhelmy fut une révélation, confirmée depuis par son succès en France. Et à ceux qui voient un certain snobisme dans cet attrait cyclique pour les littératures francophones, qu’ils aillent en librairie ou lisent la suite de ce dossier pour découvrir les autrices et les auteurs contemporains de la Nouvelle-France et la puissance de cette littérature habitée par son territoire et l’oralité de sa culture.