Dans une forme simple qu’il porte avec adresse, qui célèbre l’humilité et reflète celle de l’auteur, Xavier Guelfi se lance dans un projet “audacieux”, une “aventure incroyable”, une perte de temps pas rentable, une utopie naïve et irréalisable — c’est selon, en fonction de la personne de son entourage avec qui il l’évoque.

Il ne cherche rien de moins qu’à sauver l’humanité, en délivrant, lors de son seul en scène, la clé du bonheur à son public. Son aspiration est aussi ambitieuse, que sa modestie grande, tant il ose prendre à bras-le-corps des questions existentielles — telles que la relativité de la vérité, l’existence de la rédemption pour l’homme coupable, la possibilité de réconcilier ses contradictions —, tout en émettant des hypothèses de réponses mesurées et clairvoyantes. Son absence de prétention le grandit. Armé d’un “optimisme actif” et d’une autodérision infaillible, l’auteur se joue, presque avec candeur et toujours avec bienveillance, de tous ces acteurs qui mettent en scène leur propre misérabilisme, incapables qu’ils sont de concevoir une forme en dehors de leur “petit je” et de sortir d’un apitoiement sur soi, qui fleure la pleurnicherie. Aussi, bien qu’il sourie à la vue du rituel pressé et millimétré du comédien, qui doit se jeter à l’eau — quitte à se noyer — et parvenir à répondre à l’injonction de la réussite et à la productivité efficace, le spectateur se réjouit d’assister à sa métamorphose. 

Plus qu’une ode remâchée au théâtre — qui n’est finalem...